La startup nation atteint l'âge de raison

Israël.

D'abord quelques chiffres, extraits des rapports annuels de Start-up Nation Central et du SNPI, deux instituts d'analyse israéliens, publiés hier. Les investissements dans le secteur du high-tech israélien ont baissé de 42%, passant de 27 milliards de dollars en 2021 à seulement 15 milliards 5 en 2022. Mais Israël n'est pas le seul à être touché par cette décrue. A titre de comparaison, les investissements ont aussi baissé de 40% dans la Silicon Valley américaine. Pour revenir à Israël, en 2021 on enregistrait 1.103 levées de fonds, contre 826 en 2022. Les investisseurs sont devenus plus prudents dans leurs choix et ne se lancent plus dans des opérations trop aventureuses. La ruée vers le high-tech israélien se calme. Et le ralentissement est devenu plus sensible à partir du deuxième semestre. L'engouement pour certains domaines technologiques comme le Fintech et surtout le cyber a peut-être atteint son maximum et doit donc aussi redescendre. Le secteur cyber est celui qui a le plus souffert de ce déficit d'intérêt avec un recul de 60% des investissements par rapport à 2021, passant de 6 milliards 6 à 3 milliards et demi de dollars. Les explications, elles sont nombreuses et d'abord d'ordre conjoncturel. 2022 a été marqué par la guerre en Ukraine, et son corollaire de crise énergétique, sans compter la poursuite de l'épidémie de Covid en Chine et la hausse des taux d'intérêts décidée par toutes les banques centrales pour tenter de freiner la progression de l'inflation. Israël n'est pas isolé du reste du monde, donc tous ces facteurs le touchent également. De surcroit, si les écarts entre 2022 et 2021 sont aussi importants, ce n'est pas tant parce que l'an dernier a été une mauvaise année, mais parce que 2021 était une anomalie. Les performances record réalisées par le high-tech israélien étaient anormales dans le sens où elles étaient exceptionnellement hautes et là encore en partie le résultat de la conjoncture avec un rebond d'activité post-pandémie de Covid. Il faut donc replacer les résultats de 2022 en comparaison avec les années précédentes et on voit alors que l'on revient à peu près à la normale. L'innovation pour l'innovation n'est pas une fin en soi. Ce qui signifie aussi que l'économie israélienne et en particulier son secteur de haute technologie évoluent. La startup nation, pays qui a le plus de startup par habitant est passée à la phase de la scale-up nation, ce qui veut dire avec le plus de licornes par habitant. Les licornes, ce sont ces sociétés non cotées en bourse et valorisées à plus d'un milliard de dollars. L'an dernier, Israël en comptait 53. Mais cette étape aussi est peut-être arrivée à son terme. Les résultats de 2022 sont aussi un signal pour le secteur du high-tech israélien, qui doit se montrer moins gourmand et plus responsable. Et cela commence par ne pas se contenter de créer des startups pour les revendre dès le premier stade de leur développement, mais de développer des stratégies à plus long terme, en cherchant d'abord à se consolider par ce que l'on appelle le Seed, le financement d'amorçage, avant de chercher le profit. Et là encore, Israël, avec son expérience et son écosystème particulier, a un vrai potentiel à exploiter. Pascale Zonszain

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