"Comprendre les réalités d’Israël pour mieux appréhender les enjeux du Proche-Orient", chronique d'Arié Bensemhoun

Israël.

Bonjour Arié. Vous revenez d’Israël où vous avez accompagné pendant quatre jours une délégation de quinze députés du groupe Renaissance. Qu’en retiennent-ils ?  Pour la première fois, ces députés ont pu découvrir un pays que les médias en France ne cessent de caricaturer, en constatant, avec leurs yeux, que la situation est bien différente de ce qu’ils ont pu entendre. Au niveau politique tout d’abord, ils ont été marqués par la vivacité et le dynamisme de la démocratie israélienne en assistant à des débats sans langue de bois entre la majorité et l’opposition à la Knesset, où toutes les sensibilités et les identités sont représentées. Au niveau sécuritaire et géopolitique ensuite, où ils ont compris la nécessité existentielle pour Israël de protéger ses citoyens face au terrorisme de ses voisins, lors de leur visite du poste-frontière de livraison de marchandises à Gaza notamment. Certains se sont aussi engagés à faire avancer les Accords d’Abraham en France afin que cette dernière y prenne toute sa part. Nous pouvons donc résumer ce voyage par une seule phrase : « comprendre les réalités d’Israël pour mieux appréhender les enjeux du Proche-Orient », et nous réjouir, chez ELNET, de cette belle réussite au niveau de la diplomatie parlementaire. Justement, cette délégation a eu lieu dans un contexte polémique : celui de la visite sur le Mont du Temple du nouveau ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir. Comment les députés ont-ils réagi ? Ce fut l’occasion pour nous d’expliquer le statu quo en vigueur sur le Mont du Temple depuis 1967. Ce que les médias ne rapportent pas, c’est que le ministre n’a pas enfreint la loi puisqu’il s’est rendu sur ce lieu dans les conditions où cela est possible pour les Juifs. Ce qui n’est rien d’autre qu’un non-événement a déclenché la colère des Palestiniens et les menaces du Hamas, et par la suite une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU. Tout simplement hallucinant quand par ailleurs les tragédies s’enchaînent dans le monde : massacres en Ukraine, course aux exécutions en Iran, épurations ethniques des Ouïghours et des Arméniens, sans susciter automatiquement la même indignation. Comment sortir de cet engrenage obsessionnel ? Mais qu’est-ce qu’Israël a fait au monde ? C’est la question qu’a posée, à juste titre, l’ancien directeur de Charlie Hebdo Philippe Val dans la matinale d’Europe 1 lundi matin. Il y a certes la lancinante question du conflit israélo-palestinien qui demeure un véritable problème à résoudre mais pas selon les termes imposés par des leaders palestiniens à bout de souffle. Le logiciel a changé, et certains pays arabes l’ont compris les premiers en normalisant leurs relations avec Israël.  Le Forum du Néguev qui se tient à Abou Dhabi depuis hier et qui rassemble les principaux acteurs de ces Accords, a pour but de poursuivre les partenariats engagés dans les secteurs de l’eau, du tourisme, de l’énergie ou encore de l’éducation et d’impulser de nouveaux projets. Les Palestiniens auraient tout intérêt à rejoindre cette dynamique vertueuse. Hélas, ils sont plus attachés à l’irrédentisme qu’à la coopération et au règlement pacifique du conflit. Peut-on alors parler d’une prise de conscience dans le monde arabe mais d’un aveuglement de la communauté internationale à l’égard des Palestiniens ?  L’hypocrisie au sujet de l’Autorité palestinienne persiste, alors que cette dernière est l’une des raisons et l’un des moteurs du blocage. Son dirigeant Mahmoud Abbas entre dans la dix-neuvième année de son mandat de quatre ans à la tête de l’AP. En d’autres termes, il est président depuis 2005, sans avoir été réélu, alors que les statuts autorisent uniquement deux mandats successifs.  La voici donc l’absence de perspective à la résolution du conflit : la corruption, le détournement de l’aide internationale, l’incitation à la haine et la glorification du martyre, sur lesquels prospère depuis trop longtemps le leadership palestinien. On l’a vu d’ailleurs avec la sortie de prison de Karim Younis, qui a purgé une peine de 40 ans après l’assassinat en 1983 d’un soldat israélien et qui a été célébré en « héros et combattant de la liberté » par la population et les autorités. En France, les médias n’hésitent pas à parler de « prisonnier politique ». Très peu déplorent la tyrannie qui s’exerce en Cisjordanie, les droits de l’homme et des minorités bafoués, la répression violente des opposants. Les unes des journaux titrent sur le dictateur Poutine, on attend encore ceux qui enquêteront avec la même diligence sur Abbas et son despotisme. C’est peut-être ça l’autre drame du Moyen-Orient : l’évacuation de la responsabilité palestinienne par l’Union européenne et la France en particulier, alliés sur ce sujet aux pires régimes qu’elles n’hésitent pas, dans d’autres circonstances, à dénoncer. Arié Bensemhoun

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