En Israël, comme partout ailleurs, on a ses films culte. "Opération Mère-grand" sorti il y a une vingtaine d'années, a ses répliques de référence, dont celle d'un des héros quand il explique : "d'abord, tu commences à fond et puis tu montes progressivement". La formule résume assez bien les réactions auxquelles on assiste depuis une semaine au projet de réforme du système judiciaire, présenté par le nouveau gouvernement israélien. Toute la classe politique a commencé à fond, que ce soit pour soutenir ou pour dénoncer le programme du ministre de la Justice. Ce qui reflète d'ailleurs tout à fait la culture israélienne, où l'échange d'idées se mesure le plus souvent… en décibels. Mais cette fois, certains sont peut-être montés un peu trop haut et trop vite. Un député du parti Puissance Juive d'Itamar Ben Gvir a notamment appelé à "l'arrestation pour trahison" de plusieurs personnalités, dont Yaïr Lapid et Benny Gantz. L'ancien chef du gouvernement et son ancien ministre de la Défense, qui s'opposent à la réforme, avaient quant à eux, appelé les Israéliens à descendre dans la rue, estimant que le débat ne devait pas se limiter à l'enceinte du parlement. "Il est temps de faire trembler le pays" avait déclaré Benny Gantz, qui avait également averti Benyamin Netanyahou qu'il prenait "le risque de la responsabilité d'une guerre civile". Le nouveau chef du gouvernement avait renvoyé dos à dos les uns et les autres en répondant que "dans une démocratie, on ne met pas les représentants de l'opposition en prison, de même qu'on n'appelle pas à l'insurrection".
Un échange qui évoque surtout un dialogue de sourds et une terminologie de plus en plus radicale qui rendent le débat pratiquement inaudible. Samedi dernier, la première manifestation qui s'est tenue à Tel Aviv contre le gouvernement et son projet de réforme s'est déroulée dans le calme, mais sans coordination entre l'ensemble des mouvements qui y ont pris part. Ce qui a donné lieu à des dérives, heureusement marginales, avec des slogans assimilant le nouveau gouvernement au régime nazi. Mais, il faut le répéter, il ne concernait qu'une toute petite minorité des manifestants. On connait la fameuse "loi de Godwin" qui stipule que plus une discussion se prolonge et plus la probabilité d'y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Hitler s'approche de un. C'est-à-dire la rupture du débat par disqualification de l'interlocuteur par son contradicteur. Ce qui a d'ailleurs été dénoncé par les participants eux-mêmes, qui se sont distanciés de ces débordements.
Mais en Israël, la démocratie dépend d'abord du bon vouloir de ses acteurs. La liberté d'expression n'est pas garantie par une loi, mais par la jurisprudence de la Cour Suprême. Ce qui ramène au débat initial sur la réforme du ministre de la Justice. Et aussi à la façon dont s'exprime le discours public. Il y aura trente ans cette année qu'a débuté le processus d'Oslo de règlement du conflit avec les Palestiniens. A l'époque, le débat avait été intense, le dialogue presque impossible, jusqu'à la tragédie de l'assassinat d'Itzhak Rabin par un extrémiste juif, qui a laissé une blessure ouverte dans la chair des Israéliens. Et qui leur fait toujours envisager le pire, dès qu'un désaccord de fond se fait jour au cœur de la société.
Il faut donc arriver au plus vite à désamorcer cette escalade, où quelques exaltés ont déjà proféré des menaces directes contre certains membres de l'opposition. Le débat public est légitime, y compris dans la rue, s'il respecte l'ordre public. Et le gouvernement sera d'autant plus légitime, qu'il aura protégé la liberté de ses adversaires.
Pascale Zonszain
Israël entre débat et dialogue de sourds
Israël.
Publié le 12/01/2023 à 09h43 - Par Gabriel Attal
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