Une place pour une vitaminothérapie préventive ? Chronique du docteur Serge Rafal

France.

Nombreux sont encore les patients qui à l’occasion d’un coup de fatigue, d’un petit état infectieux ou à titre préventif, avalent une poignée de vitamines, escomptant vous l’avez dit une action miraculeuse. Or aucune étude ne prouve un quelconque effet bénéfique chez une personne en bonne santé apparente, sans carence nutritionnelle avérée, ce qui est généralement le cas des sociétés occidentales. Vitamines inutiles ? Bien sûr que non. Les vitamines sont vitales par définition mais, en dehors de la vitamine D fabriquée principalement par la peau sous l’action des rayons du soleil, elles sont apportées chez nous en quantités suffisantes, par une alimentation diversifiée. Et les grandes études de supplémentation en vitamines n’ont pas montré de bénéfices sur les événements cardio-vasculaires, la réduction du cancer, la survenue d’un diabète. Et contrairement aux idées-reçues, l’allégation d’une stimulation des défenses immunitaires due aux vitamines n’est qu’une hypothèse, pas un fait scientifique.  Situations à risque de carence ? - Une précarité socio-économique : des cas de scorbut, maladie déclenchée par l’absence d’apport de vit C, ont été décrits chez des SDF, - Un mode particulier d’alimentation (végétarisme et végétalisme qui nécessitent impérativement de la vit B12) ou des troubles du comportement alimentaire (anorexie), - Une pathologie digestive qui empêche l’absorption de certaines vitamines…, - L’alcoolisme qui inhibe l’absorption des vitamines B (B1, B2, B6, B9) dont la supplémentation est par conséquent ici indispensable, - La chirurgie bariatrique (contre l’obésité) peut être responsable de carences rares mais graves, la supplémentation est elle-aussi la règle, - La grossesse qui nécessite de la vitamine B9 afin d’éviter la non-fermeture du tube neural et de la vitamine D pour limiter certaines complications (prééclampsie, diabète, hypotrophie fœtale) du début du 3ème trimestre, - La prise de certains médicaments (metformine contre le diabète, antiépileptiques, IPP, cortisone…). Intéressant de pratiquer leur dosage avant de les prescrire ou d’en prendre ? Non car cela revient cher et n’est pas contributif dans la majorité des situations, l’interrogatoire et le contexte suffisent le plus souvent à estimer le risque de déficit ou de carence. Les compléments alimentaires à base de vitamines ont néanmoins le vent en poupe ? Leur utilisation est très fréquente. Mais ils sont le plus souvent consommés par des patients en bonne santé, qui appartiennent aux classes sociales favorisées, ne fument pas, font du sport, et s’alimentent plutôt mieux que les autres.  « Les sociétés occidentales souffrent d’une immense carence introspective » dit Edgar Morin. Certes mais pas toujours d’une carence vitaminique extrême. Leur intérêt est donc le plus souvent superflu pour la population générale. Mais leur aura est telle que nous continuerons tous à en prendre, à l’occasion. https://youtu.be/2cR2Uecsvnk Docteur Serge Rafal

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