Le mal de tête, un symptôme banal souvent handicapant, chronique du docteur Serge Rafal

France.

Tout mal de tête n’est pas une migraine qui ne représente que 20% des cas, j’en parle un peu plus loin. Les céphalées de tension sont elles, 2 fois plus répandues. Elles sont ainsi nommées car volontiers déclenchées ou aggravées par une tension nerveuse ou musculaire, pas artérielle. La douleur qu’elles déclenchent est localisée 1 fois sur 2 au niveau des tempes, dans 40% au niveau du front, sur la nuque dans ¼ des cas. Elle apparait plutôt en fin de journée, peut durer qqs heures. La douleur est modérée ou diffuse, principalement à type de pression ou de serrement de la tête, fréquemment accompagnée d’une contracture des muscles du cou. Selon son intensité ou sa fréquence, elle est désagréable, gênante, éprouvante ou handicapante, empêchant la poursuite des activités. Le paracétamol (3g/jour maximum), les Ains (1,2g d’Ibuprofène/jour) suffisent généralement. On peut y rajouter des myorelaxants, type thiocolchide (Coltramyl°) ou Lumirelax°, du magnésium pour ses vertus décontractantes nerveuses et décontracturantes musculaires. Parfois des psychotropes à faibles doses (amitriptyline, qqs gouttes par jour) ou des IRS dans les cas plus sévères. Et pour éviter l’abus de médicaments, agir au moyen de techniques psychocorporelles (méditation, relaxation, sophrologie…) Les médicaments peuvent entraîner des symptômes. C’est ce qu’on appelle les CAM ou céphalées par abus de médicaments qui se produisent dans 3% des cas chez des patient(e)s anxieux qui anticipent la prise de calmants par appréhension de la douleur. Ces tableaux cliniques nécessitent souvent une hospitalisation pour un indispensable sevrage. La migraine est une maladie banale, généralement peu grave, relativement fréquente, puisqu’elle touche environ 12% de la population adulte, 3 fois plus souvent les dames que les messieurs. Elle entraîne un mal de tête particulier, unilatéral, pulsatile, aggravé par le mouvement, le bruit, la lumière, accompagné de troubles digestifs (nausées, vomissements), de signes neurologiques (troubles visuels, sensitifs ou de troubles de la parole) ou de ce qu’on appelle une aura annonciatrice. Il existe des facteurs déclenchants (l’alcool (vin blanc), certains aliments (chocolat, fromages fermentés, poissons gras), le bruit, la lumière crue, les odeurs, les règles, le manque de sommeil) que les patients connaissent bien et doivent éviter. La crise peut durer 6h dans la ½ des cas jusqu’à 1 ou 2 jours. Elle a souvent, en fonction de son intensité et sa récurrence, un retentissement sur la qualité de vie, pouvant parfois devenir véritablement handicapante. Or 30 à 45% des migraineux n’ont jamais consulté, ignorant totalement leur maladie, qu’ils traitent de façon symptomatique.  Comment se traite la migraine ? Avec les triptans, les médicaments spécifiques de la crise, les Ains suffisent parfois. Et on propose un traitement de fond avec B-, antiépileptiques (topiramate), antidépresseurs (amitryptyline), antiHTA (candésartan) lorsque se produisent plus de 4 crises par mois. Les Ac monoclonaux, à notre disposition depuis 2021, semblent efficaces mais sont chers et pas remboursés par la SS pour le moment. Autres causes de maux de tête ? Parfois infectieuses (sinusite, Covid, grippe) mais le contexte est alors évocateur. Ou plus rarement une algie vasculaire de la face, la maladie de Horton, un glaucome, une hypertension artérielle mal contrôlée. Les causes graves (T) si redoutées sont fort heureusement très rares mais un mal de tête récent justifie toutefois d’être exploré par imagerie (scanner, IRM). « T’as tort de penser à des trucs. T’as pas l’habitude. C’est ça qui te fait mal à la tête » dit Jean Gabin dans Pépé le Moko, film de Duvivier de 1937. Probablement une céphalée de tension, peut-être pas. Attention en tout cas à l’automédication automatique et surtout prolongée, même et surtout pour un symptôme aussi banal qu’un mal de tête. https://youtu.be/Iuzbku-xVug Docteur Serge Rafal

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