La fibromyalgie, des douleurs rebelles du 3e type, chronique du docteur Serge Rafal

France.

Les neurophysiologistes ont individualisé ces dernières années une entité de douleurs du 3ème type dites « nociplastiques ». Elles seraient la conséquence d’une altération du système de détection et de contrôle de la douleur, sans lésion explicative.  Les 2 autres types de douleurs reconnaissent elles, une cause. La douleur nociceptive est liée à la stimulation de fibres sensitives par une lésion, une inflammation, un traumatisme. C’est le cas après un choc, une coupure, une brûlure. Une douleur neuropathique est liée à une lésion, un dysfonctionnement ou une maladie bien individualisée du SN périphérique, de la moelle ou du cerveau. C’est par exemple le cas lors d’une fracture ou d’une tumeur vertébrale, la compression du nerf médian dans le canal carpien, une lésion virale comme le zona. Il s’agit d’une pathologie très invalidante, vous l’avez dit, responsable de troubles nombreux et variés, à l’origine d’une dégradation importante de la qualité de vie. Les symptômes, décrits comme intenses par les patients, sont généralement sous-estimés par un corps médical intrigué et dérouté, puisqu’aucun examen complémentaire ne permet d’étayer cette plainte rémanente et qu’aucun traitement ne s’avère réellement efficace… pour le moment.  Une maladie pas du tout imaginaire comme on l’a longtemps imaginé devant l’intensité et la foultitude des symptômes décrits par les patientes. Les médecins ne parlent d’ailleurs plus de maladie psychosomatique mais d’une douleur chronique généralisée dans la dernière nosographie internationale. La fibromyalgie est une réalité clinique complexe. Elle touche environ 2% des Français, les dames un peu plus souvent que les messieurs. Elle se caractérise par un cortège de symptômes, nombreux, intenses, variés, peu spécifiques : douleurs chroniques diffuses associées à de la fatigue++, symptômes anxio-dépressifs, problèmes de sommeil, maux de tête ou de ventre, troubles cognitifs (kinésiophobie, catastrophisme). Souvent une litanie de symptômes qui a longtemps fait douter le corps médical de sa spécificité mais qui rend parfaitement compte de son caractère handicapant. Les recommandations de la Ligue européenne contre les rhumatismes (EULAR) soulignent l’importance d’une approche personnalisée, pluridisciplinaire, faisant appel en 1ère intention aux méthodes non-médicamenteuses. Une activité physique adaptée est essentielle, avec un niveau de preuve élevé pour les chercheurs. D’autres approches peuvent être proposées sans qu’on ait par contre de certitude sur leur efficacité : acupuncture, balnéothérapie, Taï-chi, Chi Kong, yoga… Et on doit évidemment insister sur l’éducation thérapeutique (compréhension de la maladie, travail sur la motivation, l’observance), même si les patients attendent plus des Tts et sont couramment déçus, entamant régulièrement un souvent vain porte-à-porte médical. Les thérapies psycho-comportementales ou des médicaments pas formidablement efficaces ici (anti-épileptiques, psychotropes) mais en évitant les opioïdes et leur risque de dépendance. Et faire appel à des centres pluridisciplinaires spécialisés, malheureusement surchargés. Même si pour Voltaire « La douleur est aussi nécessaire que la mort », notre rôle à nous médecins est de la supprimer, ce que nous devrions pouvoir faire dans un avenir proche grâce aux progrès réalisés dans la compréhension de cette maladie singulière, le mal-partout comme la surnomment nos amis britanniques. https://youtu.be/vXzVguw_W4Y Docteur Serge Rafal

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