Les crampes constituent un symptôme tout à fait banal lorsqu’elles surviennent à la suite d’une sollicitation trop intense ou prolongée comme les prolongations d’un match de football ou un marathon… mais ça n’est pas toujours le cas, nous le verrons plus loin.
Ce sont des contractions musculaires douloureuses, intenses, involontaires, survenant volontiers après un gros effort physique pratiqué dans des conditions difficiles (chaleur caniculaire ou froid intense). La douleur, qui siège habituellement à la cuisse, au mollet, au pied, disparaît généralement en qqs secondes ou minutes après un petit mouvement ou une manoeuvre d’élongation ou d’étirement. Elle peut toutefois laisser subsister quelque temps une sensation désagréable ou une zone douloureuse. C’est ainsi qu’une crampe nocturne, parfois très intense, peut continuer à faire mal pendant 48h, après avoir tétanisé le muscle à la limite d’une lésion.
Les crampes ne surviennent pas toujours dans un contexte sportif. Elles peuvent tout à fait apparaître au repos, la nuit, chez des personnes en bonne santé ou atteintes d’un diabète, d’une pathologie thyroïdienne, d’une insuffisance rénale, d’une cirrhose, de troubles circulatoires ou chez la femme enceinte (près d’une sur 2), les seniors (1 sur 2, après 65 ans peut en souffrir) ou avec la prise de certains médicaments (anti-hypertenseurs, diurétiques, IPP, statines).
Les crampes sont liées à une déshydratation ? Pas uniquement. Celle-ci peut bien sûr intervenir et doit toujours être corrigée. Mais d’autres facteurs sont déclenchants ou aggravants : la météo (chaleur intense ou froid vif), le surentraînement, un manque d’échauffement, un faux mouvement, des chaussures mal adaptées, des chaussettes ou des lacets trop serrés comprimant les mollets ou les pieds. L’examen clinique peut retrouver une anomalie statique, l’examen neurologique des signes d’hyperexcitabilité.
Les crampes ne justifient habituellement pas d’exploration d’emblée sauf si le contexte l’exige. Les contractures, formes mineures de la crampe, disparaissent, elles, avec le repos, des étirements légers, l’application de chaleur ou un bain chaud, un peu de marche ou de vélo. Les crampes peuvent nécessiter une réhydratation et l’apport de minéraux (Cu, magnésium, potassium), éléments essentiels de la contraction musculaire. Si les crampes s’installent, des médicaments plus spécifiques sont parfois utiles ou indispensables pendant quelque temps.
Quels traitements ? Des anti-douleurs, principalement du paracétamol, purement symptomatiques. Des traitements locaux à base d’anti-inflammatoires, de salicylates (les vieux sportifs comme moi se souviennent avec nostalgie de l’Algipan° qui embaumait les vestiaires), de camphre, de menthol, de Baume du Tigre. Et parfois de traitements pharmacologiques doux (homéopathie-Arnica, Décramp°, Sporténine°-, oligothérapie (Granions° ou Oligosols°) ou plus puissants (- myorelaxants, antinévralgiques). Mais aucun médicament n’a fait la preuve de son efficacité avec une balance bénéfices-risques favorable dans les crampes sans cause évidente.
Traitements préventifs ? Toujours un bon échauffement avant l’activité physique, des étirements après. Une bonne hydratation avant et pendant le sport, une eau bicarbonatée après (Badoit, Roxana, San Pellegrino, Vichy). Un en-cas avec des aliments riches en magnésium (céréales complètes, quelques carrés de chocolat, des oléagineux-3 amandes, 3 noix-) avant ou après. Réduire l’alcool et le café, les excitants neuro-musculaires.
« Tirer sa crampe revient à botter le cul de la mort en chantant » écrit Charles Bukowski dans « Le journal d’un vieux dégueulasse ». La crampe dont nous parlons ce matin n’a pas cette finalité coïto-philosophique. Elle demande, elle, à être prévenue, soulagée, traitée, ce qu’on arrive généralement à faire dans la majorité des situations.
https://youtu.be/_I0VmQ373bg
Docteur Serge Rafal
Se débarrasser des crampes musculaires, chronique du docteur Serge Rafal
France.
Publié le 30/01/2023 à 09h37 - Par Gabriel Attal
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