Les acouphènes, un symptôme bruyant et très invalidant, chronique du docteur Serge Rafal

France.

Il s’agit d’un symptôme généralement peu grave à type de sifflement, de bourdonnement, de grésillement, que le patient entend dans une voire les 2 oreilles, sans qu’il soit émis par une source extérieure. Ce bruit lui empoisonne littéralement la vie, crée un gros stress voire une réelle souffrance, conduit couramment à des troubles de la concentration et du sommeil, des symptômes anxio-dépressifs. Fréquent oui mais je ne peux pas être plus précis car il n’y a pas de consensus sur leur définition et par conséquent leur retentissement très personnel et donc très subjectif. On estime qu’en France, près de 4 millions de personnes sont touchées de façon plus ou moins intense et permanente, près de 14 M par intermittence soit un total de près de 18 millions de personnes concernées (avec un sex-ratio de 1, soit autant de femmes que d’hommes), une majorité de personnes âgées mais aussi beaucoup de jeunes. A l’échelon planétaire, selon les dernières publications, les acouphènes toucheraient 14,4% des adultes et 13,6% des enfants et adolescents mais avec là-aussi des variations considérables qui vont de 5 à 20%, selon les études et les continents. Au total, près de 750 millions de personnes seraient touchées dans le monde dont 120 millions sévèrement. Chez nous, 2% des acouphènes sont décrites comme éprouvantes dans la population générale, 7% chez les seniors.    Causes des acouphènes ? Le plus souvent un traumatisme sonore aigu (concert de musique avec sono à fond, pétard qui a explosé pas loin) ou chronique comme l’usage répété d’un casque audio ou d’écouteurs réglés trop fort. Une pathologie de l’oreille externe (ostéome ou Tumeur du CAE, bouchon de cérumen), moyenne (otite chronique, otospongiose) ou interne (infection bactérienne ou virale, maladie de Ménière), une atteinte du nerf auditif, peuvent également être en cause. Elles justifient une consultation spécialisée et des explorations complémentaires, souvent de l’imagerie. Dès la survenue de l’acouphène, une intervention médicale rapide s’impose pour tenter d’éviter le passage à la chronicité car les résultats des traitements institués tardivement sont plus décevants. Et à défaut de pouvoir supprimer cette nuisance, la prise en charge est parfois uniquement palliative, permettant au patient de mieux la tolérer, ce qui n’est pas toujours bien accueilli. Les TCC (thérapies cognitives et comportementales), l’hypnose, la sophrologie… procurent toutefois une aide et un soulagement à certains. Il faut donc tenter d'éviter leur apparition ? Exactement. C’est la raison pour laquelle, nous sommes nous médecins très attentifs à ce qui déclenche ou favorise l’acouphène, la musique écoutée trop fort, trop longtemps, sur un casque audio que nous déconseillons d’ailleurs. Ou alors de le choisir de bonne qualité, bien isolant, afin de ne pas être tenté ou obligé de monter le volume trop haut lorsque l’environnement est plus bruyant (rue, métro, train). Et surtout, nous recommandons de ne jamais dépasser 4h d’écoute par jour et de faire des pauses toutes les 45 minutes afin de permettre aux fibres nerveuses de l’oreille de ne pas trop souffrir et de s’abîmer de façon irréversible. De manière générale, « Avoir les oreilles qui sifflent », n’est pas un compliment. Et en médecine, ça peut vite devenir une calamité. Tout doit donc être fait pour les éviter et tenter de les supprimer illico lorsqu’elles apparaissent. https://youtu.be/Lu5e_Ntwdy4 Docteur Serge Rafal

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

Inscrivez vous à la newsletter
La météo locale
Les acouphènes, un symptôme bruyant et très invalidant, chronique du docteur Serge Rafal