Les premiers mots d'Antony Blinken à son arrivée en Israël ont été pour condamner une nouvelle fois les attentats du Shabbat. " Prendre une vie dans un acte de terrorisme est toujours un crime de haine. Mais c'est encore plus choquant quand on vise des gens devant leur lieu de culte. Nous condamnons cette attaque dans les termes les plus énergiques. Et nous condamnons tous ceux qui la célèbrent, qui que soient les victimes et ce en quoi elles croient " a affirmé le Secrétaire d'Etat américain. Si le dossier israélo-palestinien était prévu sur l'ordre du jour d'Antony Blinken, qui doit se rendre tout à l'heure à Ramallah pour un entretien avec Mahmoud Abbas, il ne pensait pas qu'il allait se retrouver sur le haut de la pile. Il y a quelques jours, le Département d'Etat avait déjà déploré la décision de l'Autorité Palestinienne de suspendre sa coopération sécuritaire avec Israël, suite à l'opération de Tsahal à Djénine, où huit membres du Djihad islamique et une civile non combattante avaient été tués dans des affrontements avec les forces de sécurité israéliennes. Une décision jugée peu judicieuse et surtout contreproductive par Washington, où l'on estime que ce n'est surtout pas le moment de rompre le dialogue entre Ramallah et Jérusalem.
Le Secrétaire d'Etat américain n'imagine pas à ce stade engager ses interlocuteurs dans un quelconque processus de négociation. En revanche, il souhaite trouver une voie vers une désescalade. Elle pourrait passer par une révision à la baisse de certaines des sanctions prises par Israël au début du mois contre l'Autorité Palestinienne, suite à la résolution votée par l'Assemblée Générale de l'Onu sur la saisine de la Cour Internationale de Justice contre Israël. Mais dans le point de presse conjoint qu'il a tenu à l'issue de son entretien avec Benyamin Netanyahou, Antony Blinken a surtout mis l'accent sur la nécessité de préserver et de réaliser, selon ses termes, la solution à deux Etats comme meilleur moyen de régler le conflit. Et le diplomate a aussi rappelé que les Etats-Unis, s'ils étaient favorables à l'élargissement de la normalisation entre Israël et les pays arabes, "les Accords d'Abraham ne pouvaient pas être un substitut" à la paix entre Israël et les Palestiniens. De même qu'Antony Blinken a insisté sur la nécessité de préserver le statu quo sur le Mt du Temple, utilisant à dessein l'appellation juive aussi employée par les Américains, mais également l'appellation musulmane de "Haram al Sharif". Ce qu'ils ne font pas d'ordinaire en présence d'interlocuteurs israéliens.
Si Blinken et Netanyahou ont aussi abordé les dossiers bilatéraux et régionaux, dont bien évidemment celui de l'Iran, et même la situation politique intérieure d'Israël, c'est clairement le regain de tension avec les Palestiniens et le réveil du terrorisme qui ont préoccupé le Secrétaire d'Etat. La conversation entre le diplomate américain et le Premier ministre israélien a été qualifiée de "franche", ce qui en termes diplomatiques, indique qu'elle a dû connaitre quelques divergences de vues. Et on peut imaginer qu'elles ont porté sur le dossier palestinien, et probablement aussi sur les inquiétudes américaines liées au projet de réforme judiciaire du nouveau gouvernement, pour lequel Blinken a appelé Benyamin Netanyahou à privilégier la voie du consensus. En tout cas, la venue successive en l'espace de quelques jours du Conseiller à la Sécurité Nationale, du patron de la CIA et du Secrétaire d'Etat confirment que les Etats-Unis tiennent plus que jamais à conserver des contacts étroits avec le gouvernement israélien.
Pascale Zonszain
pzoom310123
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