Relations USA-Israël : Washington hausse le ton

Israël.

Quand l'ambassadeur des Etats-Unis à Jérusalem donne une interview sur CNN à un ancien conseiller de l'administration Obama, il sait que ses propos seront d'abord entendus en Israël. Et Ted Nides est clairement passé à la vitesse supérieure. Le diplomate américain a évoqué la réforme du système judiciaire israélien pour expliquer qu'il avait selon ses termes appelé Benyamin Netanyahou à "appuyer sur le frein". " Ralentissez, essayez d'arriver à un consensus, à rapprocher les camps opposés" a déclaré Ted Nides, qui a pourtant assuré que Washington n'avait pas l'intention de dicter sa politique au chef du gouvernement israélien. " Mais une des choses qui lient nos pays, c'est le sens de la démocratie et de l'importance des institutions démocratiques" a affirmé le diplomate américain, rappelant que c'était sur cette base commune que son pays pouvait défendre Israël à l'Onu. D'ailleurs, dans le même temps, Washington essaie de désamorcer les tensions entre Israël et les Palestiniens, qui ont réclamé une réunion du Conseil de Sécurité de l'Onu pour obtenir une nouvelle condamnation d'Israël. Le Secrétaire d'Etat Antony Blinken a multiplié les contacts avec le Premier ministre israélien et avec le président de l'Autorité Palestinienne pour tenter de trouver un compromis qui permettrait de retirer la motion palestinienne de l'ordre du jour des Nations Unies en échange d'un engagement d'Israël à geler les nouveaux projets de construction dans les implantations, et de suspendre les procédures de démolition et d'expulsion des constructions palestiniennes illégales. Mais ce regain d'activité de Washington, s'il dénote une préoccupation croissante de l'administration Biden, n'est pas nécessairement bien accueilli par les intéressés. "Je tiens à décevoir nos ennemis et à calmer nos amis : Israël est et restera une démocratie" a déclaré hier Benyamin Netanyahou. Tandis que son ministre des Finances, le leader de Sionisme Religieux Betsalel Smutrich a appelé l'ambassadeur des Etats-Unis à ne pas interférer dans les affaires intérieures d'Israël. Car les appels de l'administration américaine n'ont pas commencé hier. Cela fait déjà plusieurs semaines, depuis l'annonce du projet de réforme du système judiciaire et la vague de contestation qu'il a déclenché, que les dirigeants de Washington adressent des messages d'abord prudents, puis de plus en plus pressants, aux dirigeants israéliens. Même le président Biden a appelé le gouvernement israélien à trouver le plus large consensus possible autour de sa réforme. D'ordinaire, les pressions américaines sur le gouvernement israélien s'effectuent plutôt en coulisses. Et il faut arriver à un réel niveau de mésentente pour que les tensions deviennent publiques. C'est ce qui s'était passé en 2016 entre Benyamin Netanyahou et Barack Obama. Le président démocrate de l'époque, excédé par l'opposition ouverte du Premier ministre israélien à son rapprochement avec l'Iran et l'accord sur son programme nucléaire, avait fini par lâcher Israël au Conseil de Sécurité, en donnant ordre de ne pas utiliser le véto américain contre une résolution réclamant l'arrêt de la construction dans les implantations de Judée Samarie. Six ans plus tard, la situation n'est pas tout à fait la même. Le nouveau gouvernement Netanyahou n'est en place que depuis deux mois, mais l'administration Biden s'inquiète du contexte à la fois politique et sécuritaire en Israël et de son potentiel de déstabilisation. Et Washington a des arguments à mettre dans la balance.  Comme sur le dossier iranien ou de la normalisation avec l'Arabie Saoudite. Deux enjeux pour lesquels, Israël a besoin des Etats-Unis. Pascale Zonszain

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