Il y a clairement quelque chose qui ne va plus. L'assassinat des deux frères Yagel et Halel Yaniv dimanche en Samarie, est un drame supplémentaire dans une liste déjà bien trop longue d'attaques terroristes qui frappent Israël depuis des décennies. Ces deux jeunes gens avaient toute la vie devant eux et laissent une famille dévastée et une communauté en deuil. Mais aussi terrible que soient la douleur et la colère, rien ne justifie ce qui s'est passé ensuite. Que des dizaines d'Israéliens aient fait irruption dans les rues de la localité palestinienne de Hawara, où les deux frères venaient d'être tués, qu'ils mettent le feu à des maisons et brisent tout ce qui se trouve sur leur passage, c'est inacceptable et inexcusable. Une société saine ne pratique pas la vendetta. Dans un état de droit, l'usage de la force reste le monopole de l'armée et de la police.
Alors, oui, les Israéliens de Judée Samarie sont en première ligne. Ils vivent au quotidien l'insécurité sur les routes, ils connaissent au plus près la violence terroriste palestinienne. Mais c'est malheureusement aussi vrai ailleurs dans le pays. Et il est vrai aussi, que depuis le début de l'année, Israël compte déjà 13 victimes du terrorisme, dont 11 sont tombées à Jérusalem. Et on l'a déjà dit, c'est loin, très loin d'être la première vague de violence qu'ait connue Israël. Si l'on remonte seulement à la seconde intifada des années 2000, à l'époque, les attaques étaient quotidiennes. Et un seul attentat suicide fauchait parfois des dizaines de vies. Jusqu'à ce que le gouvernement décide de lancer l'opération Rempart au printemps 2002, pour extirper les terroristes du cœur des villes palestiniennes, les Israéliens qui protestaient contre l'insécurité n'avaient qu'un seul slogan : "donnez à Tsahal les moyens de gagner ". Ils appelaient l'Etat à agir. Et quand la défense s'organisait localement, c'était en soutien et en coordination avec les forces de sécurité.
Quant aux actes de violence perpétrés par des Juifs contre des Palestiniens, ils restaient marginaux. Certains ont pu être très graves, comme le meurtre d'un jeune garçon palestinien en juillet 2014, juste après l'enlèvement et l'assassinat de trois adolescents israéliens par le Hamas. Cet acte avait choqué l'opinion et ses auteurs avaient été jugés et condamnés. Et les actions punitives d'incendie criminel ou de déprédations dans des villages palestiniens, menées par des activistes d'extrême-droite, sont aussi le fait de quelques individus souvent marginalisés. Ce qui s'est passé dimanche à Hawara était d'une autre échelle. Et les conséquences restent encore à évaluer. Il est peu probable, contrairement à ce qu'a prétendu un député du parti d'Itamar Ben Gvir, que cela ait contribué à rétablir la dissuasion israélienne face aux Palestiniens. Et on peut raisonnablement estimer que cette expédition punitive va plutôt attiser la violence terroriste.
Mais au-delà des implications sécuritaires, il y a aussi un aspect sociétal, pas moins inquiétant. Il indique que certains ne considèrent plus les institutions capables de les protéger et qu'ils sont en conséquence habilités à se retourner directement contre leur ennemi. Cette dérive est extrêmement dangereuse et n'est pas sans lien avec la situation politique, où la surenchère populiste des partis nationalistes de la coalition déforme la perception de la réalité. Israël a déjà connu des périodes encore plus dramatiques et c'est sa conviction de pouvoir surmonter l'épreuve, qui lui a permis de le faire. Il est urgent de rétablir cette confiance. Et elle doit se faire par le haut.
Pascale Zonszain
Le test de Hawara
Actualités.
Publié le
28/02/2023 à 09h34 - Par Gabriel Attal
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