Gouvernement sous tension

Israël.

Inflation, insécurité, manifestations : le Premier ministre israélien a fort à faire ces jours-ci pour rassurer l'opinion publique et canaliser ses alliés politiques. Un sondage publié en début de semaine par la chaine Kan, constate que le Likoud a perdu trois sièges dans les intentions de vote, que 46% des Israéliens tiennent la coalition pour responsable des divisions intérieures, et que 64% de l'opinion commence à redouter les répercussions économiques de la réforme judiciaire. Sans oublier que seuls 31% des Israéliens se déclarent favorables à cette réforme, contre 51% qui s'y opposent. Les sondages d'opinion ne sont qu'un reflet de l'humeur publique à un instant donné, mais ces chiffres ne sont probablement pas ceux qu'espérait Benyamin Netanyahou, deux mois à peine après sa prise de fonctions. Au sein de son gouvernement, ce n'est pas tout à fait l'harmonie. Au cours des dernières 24 heures, deux de ses membres ont décidé de claquer la porte, en tout cas partiellement. Avi Maoz, seul élu du parti nationaliste religieux Noam, a annoncé qu'il quittait son siège de vice-ministre, mais pas la coalition.  Et le ministre ultraorthodoxe Meir Porush reste à son portefeuille en charge du patrimoine et de Jérusalem, mais lâche un des dossiers qui lui avaient été confiés. Comme son collègue, il proteste contre une promesse non tenue et une violation de l'accord de coalition, conclu avec son parti. Si cela ne change rien dans la configuration du gouvernement ni de la majorité parlementaire, ces mouvements d'humeur font mauvais effet. Surtout si on y ajoute les tensions qui marquent, depuis le début, les relations du Premier ministre Likoud avec ses partenaires nationalistes. Si Benyamin Netanyahou a réussi, au moins sur le papier, à régler le différend de compétences entre son ministre de la Défense Yoav Gallant et son ministre délégué et leader de Sionisme Religieux Betsalel Smutrich, en réalité, les rapports entre les deux sont loin d'être clarifiés. Et c'est d'autant plus problématique, que cela a des effets directs sur la situation en Judée Samarie. Quand le ministre de la Défense ordonne l'évacuation d'un point de peuplement illégal, le ministre délégué déclare le site "terre d'Etat" pour bloquer son démantèlement. Et Betsalel Smutrich rejette avec la même détermination les engagements pris par Israël au sommet qui s'est tenu à Aqaba dimanche, en affirmant qu'il restait seul décisionnaire sur la construction dans les implantations, alors que les Etats-Unis venaient d'annoncer qu'Israël avait accepté de geler la construction en Judée Samarie, comme une des mesures devant contribuer à la désescalade sécuritaire entre Israël et les Palestiniens. Problème similaire avec le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui continue à faire passer en force son programme électoral. Le leader de Puissance Juive a même ordonné à son groupe parlementaire de boycotter le débat à la Knesset convoqué lundi par l'opposition. Un manquement à la solidarité de coalition, qui lui a valu les remontrances du Likoud et un entretien tendu le même soir chez le chef du gouvernement. Pourtant, ces incidents de parcours restent encore dans la norme des cabinets de coalition et ne devraient pas avoir de conséquence à court terme sur la solidité du gouvernement. Mais ils produisent l'impression d'un Premier ministre qui doit déployer plus d'énergie à gérer les divisions internes qu'à gouverner. Surtout quand les facteurs de risque s'accumulent, sur les plans sécuritaire ou économique et que la réforme judiciaire priorisée par la coalition, parait de plus en plus décalée, comparé aux autres urgences. Pascale Zonszain

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