La bronca des réservistes aura-t-elle raison des divisions politiques ?

Israël.

La bronca des réservistes aura-t-elle raison des divisions politiques ?
(Crédit : unité du porte-parole de Tsahal)
Cela avait commencé par quelques officiers à la retraite, puis des réservistes qui ont entrepris une marche de protestation vers Jérusalem. Ensuite ont commencé les pétitions, d'une unité puis d'une autre, des sous-mariniers, des tankistes, des membres des renseignements militaires, des départements technologiques et ainsi de suite jusqu'aux pilotes de chasse. Les soldats et officiers de réserve de Tsahal qui menacent de ne plus participer aux entrainements tant que la réforme judiciaire dans sa forme actuelle ne sera pas abandonnée, ne sont que quelques milliers. Mais leur influence est désormais incontournable. Et contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas la première fois que des réservistes s'engagent dans une contestation publique. Israël a déjà connu d'autres épisodes de ce type. En 2006, après la deuxième guerre du Liban, un mouvement de réservistes s'était organisé pour réclamer la démission du Premier ministre Ehud Olmert, de son ministre de la Défense Amir Peretz et du chef d'état-major Dan Halutz, à qui ils reprochaient une conduite désastreuse de la guerre qui avait coûté la vie à 121 soldats et 44 civils israéliens. Leur campagne avait duré plus d'un an. Une manifestation à Tel Aviv en juillet 2007 avait même rassemblé plus de cent mille personnes. La campagne avait pris fin avec la démission d'Ehud Olmert, qui était soupçonné de corruption. Et si on remonte plus loin, après la guerre de Kippour de 1973, c'est aussi un mouvement de réservistes qui avait à l'époque conduit à la nomination d'une commission d'enquête, puis à la démission de la Première ministre Golda Meir. Sauf qu'il s'agissait de la campagne d'un seul homme, Moti Ashkenazi, officier de réserve, qui avait campé seul sous les fenêtres de la présidence du Conseil, pour être finalement rejoint par des milliers d'autres. Alors, bien sûr, il ne s'agissait pas de politique pure, mais de questions militaires, même si en Israël, l'armée ce sont aussi les citoyens. Et quand les réservistes font entendre leur voix, ils peuvent faire beaucoup de bruit, jusqu'à ébranler le pouvoir politique, justement à cause de leur légitimité dans la perception de l'opinion publique. Cette fois bien sûr, la situation est différente et même inédite, puisqu'il ne s'agit pas de protester contre un événement qui a eu lieu, mais contre un événement encore en gestation. Et de surcroit, il n'est pas d'ordre militaire, en tout cas pas directement. Mais cela touche pourtant au cœur de l'ethos israélien. Tsahal, on l'a dit, c'est l'armée du peuple, le socle de l'Etat, à la fois dans sa mission de défense des frontières et de la population, mais aussi dans son rôle de creuset social. C'est pendant le service militaire que les citoyens de toutes origines et de toutes classes socio-économiques se rencontrent et se mélangent, bien plus encore que pendant leur scolarité. Les amitiés qui se nouent durant le passage à l'armée durent souvent toute la vie. Ceci explique le lien particulier qui s'établit entre les Israéliens et Tsahal. Alors quand un conflit politique de la magnitude de la réforme judiciaire divise la population, il n'est pas étonnant qu'il se répercute aussi sur l'armée. Pour l'instant, il ne touche que les réservistes, mais il pourrait s'étendre aux appelés. Et c'est ce que les officiers d'état-major de Tsahal veulent absolument éviter. Il est vital que l'armée reste immunisée de l'intérieur. Et c'est ce qui devrait être le meilleur argument pour convaincre les politiques de trouver un compromis. Pascale Zonszain

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