Le Secrétaire américain à la Défense en Israël

Lloyd Austin sera privé de Jérusalem. C'est à l'aéroport Ben Gourion que le Secrétaire américain à la Défense rencontrera tout à l'heure son homologue israélien Yoav Gallant, pour cause de journée de mobilisation. Aujourd'hui, c'est en effet le principal aéroport du pays qui sera la première cible de la contestation contre la réforme judiciaire, avec des cortèges de voitures qui devraient en perturber l'accès tout au long de la journée. Si le ministre américain n'est pas venu discuter de la situation politique intérieure israélienne, elle restera en tout cas en arrière-plan. En début de semaine, c'étaient le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer et le Conseiller à la Sécurité nationale Tsahi Hanegbi qui étaient à Washington pour des entretiens avec le Secrétaire d'Etat Antony Blinken et le Conseiller à la Sécurité nationale Jake Sullivan. Les discussions ont porté sur l'Iran, alors que les Etats-Unis réaffirment leur engagement à ne pas laisser le régime de Téhéran se doter de l'arme nucléaire et à poursuivre dans ce but leur coopération avec Israël. Mais jusqu'à présent, le gouvernement israélien semble peiner à convaincre ses alliés, aussi bien américains qu'européens, à durcir leur ligne sur le dossier iranien, alors même que l'Iran a réalisé pour la première fois un enrichissement d'uranium à 84%, juste sous le seuil de la capacité nucléaire militaire. Benyamin Netanyahou exhorte les puissances occidentales à mettre en place une "menace militaire ou une action militaire crédibles", seuls scénarios susceptibles, selon son analyse, de dissuader l'Iran de passer à la phase ultime de son programme d'armement. Pourtant, même Washington ne semble pas pressé de se lancer dans un bras de fer supplémentaire avec Téhéran. En revanche, l'administration Biden est plus préoccupée dans l'immédiat par la dégradation sécuritaire dans les Territoires palestiniens. C'est ce qu'ont déjà entendu les deux émissaires du gouvernement israélien, lundi à Washington, et c'est ce que devrait répéter aujourd'hui Lloyd Austin à Yoav Gallant. Techniquement, ce dossier ne relève pas directement du chargé de la Défense dans l'administration Biden, mais ces derniers temps, tous les représentants américains relayent en substance le même message à leurs interlocuteurs israéliens : celui de l'inquiétude de Washington sur les récents développements en Israël. Depuis le mois de janvier, les Etats-Unis cherchent à mettre en place des mécanismes de désescalade sur le front palestinien. Le 26 février, ils avaient même parrainé le sommet sécuritaire qui avait réuni des représentants d'Israël, de l'Autorité Palestinienne, de l'Egypte et de la Jordanie à Aqaba. Mais au même moment, un terroriste palestinien assassinait deux Israéliens à Hawara, rendant la réunion sans objet. D'autant que la situation s'était encore aggravée par l'expédition punitive, menée quelques heures plus tard par des extrémistes juifs dans la localité palestinienne. Et cela s'est doublé de nouvelles tensions entre Washington et Jérusalem, après les déclarations du ministre Sionisme Religieux Betsalel Smutrich, qui avait appelé à "effacer Hawara". L'administration américaine avait exprimé son indignation et fait savoir que le ministre israélien, qui doit se rendre dans quelques jours dans la capitale fédérale, ne serait reçu par aucun officiel américain. L'administration Biden s'inquiète de l'influence des ministres nationalistes sur Benyamin Netanyahou, qui l'entraineraient dans une politique trop radicale. Et c'est probablement le même avertissement que devrait relayer aujourd'hui le Secrétaire à la Défense à son homologue israélien. Pascale Zonszain