Le rêve du Hamas

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Le rêve du Hamas
(Crédit : DR)
Salah Aruri ne s'exprime que rarement. Le chef de la branche armée du Hamas cultive le secret, d'abord et avant tout pour raisons de sécurité, car il figure très haut dans la liste des ennemis d'Israël. Alors quand un média israélien met la main sur un enregistrement interne de la direction de l'organisation islamiste palestinienne, il faut l'écouter attentivement. Aruri, c'est le fondateur des brigades Azzedine al Qassam, la branche armée du Hamas. Expulsé par Israël en 2010 après avoir purgé au total une quinzaine d'années de prison, Aruri s'est établi en Syrie, puis en Turquie. Il est devenu depuis le numéro deux du bureau politique du Hamas, dirigé par Ismaïl Hanyeh, mais son rôle opérationnel reste fondamental dans l'organisation terroriste. C'est lui qui a reformé l'infrastructure terroriste du Hamas en Judée Samarie, au cours de la décennie précédente. Aruri a utilisé pour cela les terroristes qu'Israël avait relâchés en échange de la libération de Gilad Shalit en 2011, après cinq ans et demi passés par le soldat dans les geôles du Hamas à Gaza. Ces Palestiniens originaires des territoires autonomes de Judée Samarie avaient alors été expulsés vers la Bande de Gaza. Et c'est de là, sur les ordres de Salah Aruri, qu'ils ont travaillé à renforcer les réseaux de l'organisation islamiste en Judée Samarie, où elle avait été presque complètement démantelée par l'opération Rempart menée par Tsahal en 2002. Et le responsable du Hamas a également mis en place un dispositif de financement des activités de propagande et de terrorisme de l'organisation en Judée Samarie, par des fonds, en partie iraniens, injectés depuis l'étranger. C'est donc Salah Aruri, en tant que commandant du Hamas pour la Judée Samarie, qui a expliqué dans le détail comment il entendait exploiter la période du Ramadan qui doit débuter vendredi, pour mobiliser ses troupes. Il faut encourager l'escalade en Judée Samarie et à Jérusalem-est, en veillant à laisser la Bande de Gaza en dehors de la boucle, explique Aruri. Ce n'est que lorsque le niveau de violence requis sera atteint, que le Hamas de Gaza se joindra à l'offensive. La doctrine de Salah Aruri s'appuie sur les attaques individuelles, qui ne sont donc pas des actes aléatoires, mais bien le résultat de la propagande diffusée par le Hamas, en particulier auprès des jeunes Palestiniens en Judée Samarie et des Arabes de Jérusalem. Mais tant que ce point d'ébullition de la "résistance palestinienne" n'est pas atteint, selon Aruri, les groupes armés de Gaza doivent s'abstenir de prendre part à la confrontation. Car ensuite, promet-il, la violence doit s'étendre à toute la Palestine et au-delà, selon ses termes. On l'a compris, le chef de la branche armée du Hamas n'exclut pas une confrontation régionale. Il n'est d'ailleurs pas le seul. Comme Hassan Nasrallah, l'autre leader terroriste régional, Salah Aruri suit de près ce qui se passe dans le camp adverse. Le chef du Hezbollah est convaincu qu'Israël est en train de redevenir vulnérable. Le chef de la branche armée du Hamas quant à lui, élargit la focale. Il compte non seulement sur la crise politique intérieure d'Israël sur fond de réforme judiciaire et les divisions qu'elle creuse dans la société, mais aussi sur la désagrégation de l'Autorité Palestinienne. Et Aruri voit dans la conjonction de ces deux facteurs un alignement des planètes que le Hamas ne doit pas manquer. Une analyse qui n'a heureusement pas échappé non plus aux responsables de la défense israélienne, qui se préparent à affronter ce mois  ultrasensible du Ramadan. Pascale Zonszain

pzoom210323

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