L'ordre de mission du président Herzog

Israël.

L'ordre de mission du président Herzog
(Crédit : Kobi Gideon/GPO)
Comme à son habitude, Itzhak Herzog cherche des raisons d'être optimiste. "J'espère que nous avons changé de cap, comme société et comme Etat et que l'occasion qui a été créée avec l'arrêt de la réforme judiciaire va déboucher sur une concertation franche, sérieuse et responsable" a déclaré hier le président israélien, pour qui il faut faire retomber la fièvre, si l'on veut avoir une chance de parvenir à un consensus. D'autant que le chef de l'Etat le reconnait lui-même, il faudra commencer par faire tomber les murailles d'hostilité et de suspicion, selon ses termes, qui se sont dressées entre les deux camps. Une crise comme Israël n'en avait probablement pas connu depuis sa fondation, si l'on considère la polarisation qui s'est installée entre partisans et adversaires de la réforme portée par le gouvernement. Et le travail ne va pas être simple, alors que la défiance domine. Avigdor Liberman, le leader d'Israel Beitenou, qui avait déjà préparé son équipe, a fait volte-face. Motif : la coalition a présenté au bureau de la Knesset la version de la législation, dont Benyamin Netanyahou avait annoncé la veille la suspension. Ce qui signifie que le texte pourra être passé en lecture définitive par les députés sans délai, en cas d'échec ou de rupture des pourparlers. Pour Avigdor Liberman, cela équivaut à "poser le pistolet sur la table". Pas les meilleures conditions pour négocier. Quant à la coalition, elle entre dans ces tractations à reculons. Elle avait rejeté le "plan du peuple", la formule alternative de réforme que le président avait présentée à la mi-mars, en estimant qu'elle était à quelques détails près, celle de l'opposition. Et pourtant, il faut bien commencer quelque part. D'autant que des négociateurs des camps de Benny Gantz et de Benyamin Netanyahou s'étaient déjà rencontrés discrètement chez le président Herzog, il y a environ une semaine. Mais cela ne suffit pas. Il faudra donner des gages de bonne foi de part et d'autre, alors aussi que le temps est compté, puisque de l'aveu même du chef du gouvernement, la réforme passera, d'une façon ou d'une autre, avant la fin de la session d'été de la Knesset, autrement dit avant la fin juillet. Il risque aussi d'y avoir un débat sur le déroulement de ces pourparlers. Devront-ils être publics et retransmis en direct, comme les travaux de la Knesset, mais en courant le risque de les voir se transformer en foire d'empoigne, comme les séances d'assemblée et de commission de ces derniers mois ? Ou vaut-il mieux qu'ils se tiennent à huis-clos, pour donner plus de liberté et de sérénité aux négociateurs, mais avec le risque cette fois de se voir reprocher un manque de transparence et de responsabilité ? Sans compter certains élus de la majorité qui considèrent que le lieu de ce débat doit être le Parlement et non la maison du président. Et ce n'est encore rien, comparé à la définition de l'ordre du jour, des sujets qui seront discutés et sur quelle base. Au programme, les prérogatives de la Cour Suprême, évidemment le mode de nomination des juges, mais aussi les libertés individuelles, l'équilibre des pouvoirs, autant de dossiers qui, pris individuellement, sont susceptibles à tout moment de faire capoter l'ensemble du processus. La mission sera difficile, mais la menace du chaos institutionnel et social, devrait servir de motivation aux négociateurs. Pascale Zonszain

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