Londres : première conférence sur la restitution des œuvres volées par les Nazis

La nécessité de justice après la Shoah est toujours une actualité  nécessaire et brûlante, s’agissant des spoliations des œuvres d’art volées par les Nazis. C’est au tour de l’Angleterre de se pencher sur la question en s’inspirant de des expérience vécues par les autres pays.

Les Musées peuvent-ils conserver des œuvres pillées durant la seconde guerre mondiale ?

En 2018, un tribunal néerlandais avait permis  à un musée d’Amsterdam de conserver gratuitement un tableau qui avait été volé à son propriétaire juif par les nazis, disant que « l’intérêt public » justifiait qu’il reste exposé au sein de l’institution. Une décision qui avait été vivement critiquée par les militants de la mémoire. Leur objectif est que les œuvres volées pendant la Shoah soient rendues à leurs propriétaires légitimes. Pour beaucoup il s’agit d’un « échec scandaleux de la justice » qui augure mal de la suite de cette demande de justice. Suite à cette décision très controversée, la ville avait ordonné au musée Stedelijk, l’année dernière, de rendre cette toile de Wassily Kandinsky aux héritiers du marchand d’art qui en était propriétaire avant que les nazis ne s’en emparent.

Une leçon pour les autres pays

Ellen Germain, l’envoyée spéciale aux questions sur la Shoah au sein du département d’État américain, a estimé que cette affaire constituait une leçon précieuse pour les autres pays sur « les meilleures pratiques de restitution des œuvres d’art volées par les nazis. » Durant ce sommet sans précédent à Londres, aux côtés de huit de ses homologues venus du monde entier, elle a déclaré que l’exemple donné par les Pays-Bas "est un cas où des complications juridiques ont fait leur apparition et où elles ont été résolues de manière satisfaisante". 

En 1998, signatures des principes de Washington

Cette année là, plus de 40 pays avaient signé les Principes de Washington qui portent sur les œuvres d’art qui avaient été confisquées par les nazis et qui présentent une feuille de route en matière de restitution. Néanmoins, 25 années plus tard, plus de 100 000 tableaux sur les 600 000 à peu près qui avaient été volés par les nazis pendant la Shoah n’ont pas été restitués à leurs propriétaires légitimes, selon le journal allemand Deutsche Welle. Toutefois quelques procès sont à noter. En Lettonie, le Parlement a voté, l’année dernière, en faveur d’un plan de restitution très attendu – un plan où les autorités se sont engagées à payer plus de 40 millions de dollars à la communauté juive du pays, forte d’environ 10 000 personnes, dans la prochaine décennie. La Lituanie, pour sa part, a alloué la somme de 38 millions de dollars en indemnisation pour les œuvres d’art que les Juifs avaient perdues pendant la Shoah( quand 90% des membres de la communauté avaient été assassinés par les nazis et par leurs collaborateurs locaux).

Des difficultés persistent, la Pologne très réticente…

Pour  Eric Pickles, envoyé spécial du Royaume-Uni pour les questions post-Shoah, qui accueillait l’événement, des difficultés persistent. La WJRO (World Jewish Restitution Organisation) pointe la Pologne qui est réticente à s’attaquer aux biens privés en déshérence qui, selon les responsables polonais, peuvent être réclamés par le biais des tribunaux civils. Les estimations varient sur la valeur totale de ces biens, certains disant qu’elle pourrait s’élever à des milliers de dollars. En plus des États-Unis et du Royaume-Uni, des représentants du Canada, des Pays-Bas, de l’Autriche, de l’Allemagne, de la France, de la Croatie et d’Israël étaient présents lors de ce sommet. La Claims Conference (Conference on Jewish Material Claims Against Germany) avait aussi envoyé un délégué. Michel Zerbib