Hosni Moubarak, disparu le 25 février, aura tout au long de sa présidence, porté le poids de la paix avec Israël et avancé grâce à elle. Le président égyptien n'est encore que le numéro deux du pouvoir, quand Anouar el Sadate est assassiné le 6 octobre 1981. Moubarak est au côté du président quand ce dernier tombe sous les balles d'officiers islamistes. Sadate a perdu la vie parce qu'il a signé le traité de paix avec Israël deux ans plus tôt.
Hosni Moubarak prend sa suite et dès lors, son règne sera marqué par trois priorités. Rendre à l'Egypte sa légitimité dans le monde arabe, qui lui reproche d'avoir fait la paix avec l'ennemi. En 1989, il obtiendra la réintégration de son pays dans la Ligue Arabe après dix ans d'exclusion.
Lutter contre la menace islamiste. Evidemment marqué par l'assassinat de Sadate, cela l'obsèdera toute sa vie. Après avoir commencé par libéraliser le régime, Moubarak revient rapidement à un pouvoir autoritaire et renforce ses services de renseignements pour tenter de contrer toute émergence islamiste. Ce qui n'empêchera ni l'arrivée des Frères Musulmans au pouvoir trente ans plus tard, ni le terrorisme islamiste en Egypte, ni les attentats contre le président Moubarak, qui a survécu à au moins six tentatives d'assassinat durant son règne.
La troisième priorité du président égyptien aura été de préserver l'alliance avec les Etats-Unis, dont son régime a besoin. Et cela passe par le maintien de l'accord de paix avec Israël. Moubarak veillera donc à respecter à la lettre le traité de 1979, à défaut d'en entretenir l'esprit. C'est lui qui sera l'artisan de la "paix froide" avec Israël, limitant les relations à la diplomatie, la stratégie et partiellement à l'économie, mais n'encourageant à aucun moment un rapprochement entre les deux peuples.
Hosni Moubarak a aussi été partie prenante dans les négociations entre Israël et l'Olp tout au long des années 90. Des Israéliens présents à la cérémonie de signature du deuxième volet des accords d'Oslo au Caire en 1995, racontent même l'avoir entendu traiter Yasser Arafat de "chien" pour le pousser à signer le document. La deuxième intifada des années 2000 aura pourtant refroidi les relations israélo-égyptiennes, allant jusqu'au rappel de son ambassadeur à Tel Aviv et des condamnations publiques de la politique israélienne.
Pourtant, Moubarak se rapprochera de nouveau du gouvernement israélien après la mort d'Arafat et surtout après le coup de force du Hamas à Gaza en 2007. Il retrouvait alors avec les Israéliens un ennemi commun, les islamistes palestiniens, alliés des Frères Musulmans égyptiens.
Si Benyamin Netanyahou a adressé mardi un message de condoléances, en saluant en Moubarak un "ami personnel", c'est plutôt avec Ariel Sharon que le président égyptien avait un langage commun, celui de deux anciens militaires qui s'étaient mutuellement combattus. Et surtout avec son ministre de la Défense, Benyamin ben Eliezer, lui aussi ancien général de Tsahal, et surtout natif d'Irak, avec qui il discutait directement en arabe. Une proximité qui lui sera reprochée par ses opposants, qui l'accuseront ensuite de corruption dans ses ventes de gaz à Israël. Un des chefs d'accusation qui feront condamner Moubarak en 2012, avant son acquittement cinq ans plus tard.
Pascale Zonszain
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