On ne compte plus les raids de l'aviation de Tsahal – revendiqués ou non – qui frappent depuis bientôt dix ans des objectifs iraniens sur le territoire syrien. Celui qui a visé dans la nuit de vendredi à samedi la région de Homs était pourtant inhabituel par son intensité. Il s'agissait de frapper le dispositif logistique que l'Iran utilise pour acheminer des armes vers le Hezbollah au Liban, via la Syrie. Les raids ont touché des hangars qui servaient à entreposer des armes qui devaient être livrées quelques jours plus tard à la milice chiite libanaise. Mais ce qui distingue aussi cette opération, c'est qu'elle a eu lieu au moment où le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahyian se trouvait à Beyrouth, où il était reçu par le chef du Hezbollah. Et il n'est pas impossible que le raid israélien ait été aussi un message adressé au régime de Téhéran. Vendredi matin, le ministre iranien, accompagné de responsables du Hezbollah, était justement au sud-Liban, et il s'est approché de la frontière avec Israël, en sachant parfaitement que sa présence était suivie et surveillée par les forces de sécurité israéliennes. Un geste qui se voulait à la fois une provocation et une réponse. Une provocation pour rappeler à Israël que l'Iran est présent sur sa frontière nord et tient le pays sous la menace des missiles du Hezbollah. Et une réponse à la visite il y a dix jours, du ministre israélien des Affaires étrangères dans deux pays limitrophes de l'Iran, l'Azerbaïdjan et le Turkménistan. A cette occasion, Eli Cohen avait même inauguré l'ambassade israélienne à Achgabat, désormais la représentation diplomatique d'Israël la plus proche de l'Iran, à moins de 20 kilomètres de sa frontière.
Le bras de fer stratégique entre Jérusalem et Téhéran se joue donc sur plusieurs théâtres simultanément, militaires mais aussi diplomatiques. Si Israël développe ses relations avec deux Etats musulmans du Caucase, c'est évidemment pour contrer l'influence régionale de l'Iran, au-delà du Proche-Orient. Mais de son côté, l'Iran investit sur ses liens avec ses alliés voisins d'Israël. Après avoir rétabli ses relations diplomatiques avec l'Arabie Saoudite il y a un mois et demi, l'Iran poursuit sur sa lancée pour tenter de faire rentrer la Syrie dans la Ligue Arabe, dont elle avait été exclue au début du soulèvement contre le régime de Bashar al Assad. Et pour y parvenir, l'Iran a absolument besoin du soutien de l'Arabie Saoudite. Le président iranien Raïssi sera mercredi à Damas, et parallèlement, les relations entre Téhéran et Riyad continuent donc à donner des signes de réchauffement.
Et c'est sans compter la poursuite du travail de l'Iran auprès des organisations terroristes de la région. Lors de sa rencontre à Beyrouth avec Hassan Nasrallah, le ministre iranien des Affaires étrangères a expliqué que sa" visite dans la région n'aurait pas eu de sens s'il n'en avait pas profité pour renforcer l'axe de la résistance", selon ses termes. Et Abdullahiyan a effectivement rencontré des responsables du Jihad islamique transmis au chef du Hamas Ismaïl Haniyeh une invitation à se rendre à Téhéran. L'organisation terroriste palestinienne tient aussi à retrouver le soutien saoudien, surtout sur le plan financier, et pour cela, il a besoin de Téhéran.
Ces nouveaux développement sont suivis de près par Israël, car si Assad devait sortir de son isolement, cela signifierait pour Israël perdre sa liberté de manœuvre en Syrie. Mais la réconciliation arabo-iranienne n'est pas encore pour demain.
Pascale Zonszain
Quand l'Iran cherche de nouvelles alliances contre Israël
International.
Publié le 01/05/2023 à 09h39 - Par Gabriel Attal
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