Tariq Ramadan sera jugé à Genève pour viol et contraintes sexuelles

Le prédicateur répondra de ses actes les 15 et 16 mai devant un tribunal correctionnel. Les faits qui lui sont reprochés remontent à 2008.

L’acte d’accusation est accablant pour l’intellectuel et théologien musulman

Dans la nuit du 28 au 29 octobre 2008, dans un hôtel de Genève, Tariq Ramadan aurait violé à plusieurs reprises celle que la presse a surnommée « Brigitte » . Pas seulement. L'auteur de livres apologétiques sur l’Islam n’aurait cessé de lui donner des gifles, de lui tirer les cheveux, de la traiter de « pute », de « sale chienne », de « salope » Une vulgarité et une violence verbale qui contrastent singulièrement avec les prêches religieux que le théologien a dispensé à la jeunesse musulmane européenne.

Ramadan parle de complot

Pour sa défense Tariq Ramadan  jure qu'il n'y a même pas eu de rapport sexuel consenti avec « Brigitte ».  Accusé de quatre autres viols en France, le théologien parle de complot. Dans son livre "Devoir de vérité", il expliquait que la motivation  de sa victime« Brigitte » serait l'argent. « Brigitte » est une Suissesse âgée d'une cinquantaine d'années, convertie à l'islam, qui a déposé plainte en avril 2018. Tariq Ramadan était alors incarcéré en France. Libéré en novembre 2018, mais sous contrôle judiciaire, il avait l'interdiction de quitter l'Hexagone. Ce n'est qu'en juillet 2020 qu'il a pu s'exprimer sur le dossier. L'ancien enseignant et la présumée victime ont été confrontés en septembre et octobre 2020.

Un procès en Suisse qui met à mal la stratégie de défense de Ramadan

Tariq Ramadan expliquait qu'il n'y avait que la France pour lui faire des procès iniques car pour lui, les élites politiques y seraient islamophobes et racistes. L’ancien enseignant d’Oxford jouirait d'une excellente réputation dans le monde entier. Aussi, ce procès en Suisse porte un coup sévère à sa stratégie. Ainsi, dans son livre "Devoir de vérité", Ramadan reconnaît "qu'une plainte en Suisse conférerait une crédibilité autrement plus grande aux accusations ». A Genève Tariq Ramadan ne trouvera pas beaucoup de témoins de moralité. Ce n’est surement pas avec Hani, son frère aîné qu’il pourra trouver un soutien. Ce directeur du Centre islamique de Genève (CIG) justifie la lapidation en cas d'adultère, compare les femmes non voilées à des filles des rues et affirme qu'en faisant ses prières, on ne peut attraper le Covid-19.

En France, ce sont les Assises qui pourraient l’attendre

En juillet 2022, le parquet de Paris avait requis le renvoi devant les assises de Tariq Ramadan pour des soupçons de viols commis en 2009 et 2016 sur quatre femmes. Pour empêcher cette décision éventuelle, ses avocats multiplient les recours. La nomination du Docteur Daniel Zagury (on n’ose imaginer les raisons de cette défiance envers ce psychiatre juif) en charge des expertises sur les plaignantes est ainsi contestée. La chambre de l'instruction rendra le 11 mai sa décision sur les requêtes en nullité déposées par les défenseurs de Tariq Ramadan. Toujours est-il qu’à Genève, afin d'éviter la prescription, Tariq Ramadan n'est pas jugé aux Assises mais par un tribunal correctionnel. L'ancien enseignant, qui risque jusqu'à dix ans de prison, sera défendu par trois avocats, dont Me Marc Bonnant. Michel Zerbib