L'islamologue est jugé pour insultes, menaces, violences datant de 2008 à Genève, en Suisse. Tariq Ramadan encourt jusqu'à dix ans de prison.
Il y a 6 ans plusieurs femmes l'avaient accusé de viols et Tariq Ramadan fait donc face pour la première fois à la justice. C'est en Suisse, à Genève, qu'il est jugé à partir de ce lundi matin pour des faits dénoncés par l'une d'entre elles. La plaignante souhaite être surnommée «Brigitte» afin de préserver son anonymat. Elle se dit victime de menaces.
Qui est cette victime « Brigitte »?
Cette femme, convertie à l'islam, a fait la connaissance du prédicateur en septembre 2008 lors d'une séance de dédicaces. Au cours de ce même mois, ils vont débuter alors une relation numérique, avec l'envoi de premiers messages sur l'application Messenger à partir du 25 septembre 2008. Au fil des discussions, on s’aperçoit que Brigitte est fascinée par le théologien et affiche une «forme d'admiration et d'attirance purement intellectuelle» envers son interlocuteur, figure alors charismatique de l'islam européen. Mais ce dernier ne va pas en rester là.
Violences, insultes et trois viols dans la même soirée
C’est dans la nuit du 28 au 29 octobre 2008 que Brigitte et Tarik Ramadan vont convenir d’une vraie rencontre physique dans la chambre 511 de l'hôtel Mon repos, à Genève, où loge le prédicateur suisse. Brigitte est «poussée sur le lit et embrassée de force en dépit de ses protestations», selon l'acte d'accusation. La femme est déshabillée contre son gré, traitée sans retenue de «pute», «sale chienne», «salope», «giflée à plusieurs reprises», puis violée trois fois dans la même soirée. Tariq Ramadan conteste les faits et affirme au contraire avoir renoncé à toute relation sexuelle avec elle.
Presque 10 ans avant de déposer plainte: la peur à tous les moments après le viol
Pourquoi a-t-il fallu près de dix ans à Brigitte pour déposer plainte ? Selon son avocat elle a traversé une phase de sidération. La défense du théologien a exploité une forme d’ambiguïté de ses sentiments envers l'islamologue, entre la fascination amoureuse et la peur en raison des nombreuses menaces reçues au fil des années «Si je te vois je te viole», «tu paieras je peux te le promettre», «ta vie est un désert, elle va devenir un enfer» sont des exemples de messages reçus par la plaignante depuis la boite mail de Ramadan. «…il a fallu beaucoup de courage à Brigitte, j'ai rarement vu dans une affaire autant de pression sur les victimes, autant de menaces et de peur» a déclaré Francois Zimeray son avocat au Figaro.
Plusieurs femmes ont évoqué le même type d’agressions
Les révélations faites en 2017 en France par d’autres femmes l'accusant d'agressions similaires qui lui ont donné le courage de porter l'affaire devant la justice. Selon tous ces témoignages, Ramadan a exercé sur ces femmes une extrême violence qui faisait passer le viol comme l’agression la moins violente. L'une des plaignantes évoquera même au cours de l'instruction son «regard de fou, comme un animal».
Ce n’est pas terminé pour Tarik Ramadan
En effet l'islamologue est soupçonné d'avoir commis des viols sur quatre autres femmes en France entre 2009 et 2016. Après de longues années d'instruction, au cours desquelles Tariq Ramadan a passé neuf mois en détention provisoire en 2018, le parquet de Paris a requis en juillet dernier son renvoi devant les assises.
MICHEL ZERBIB
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