La chronique de Guy Konopnicki : la violence politique

France.

La chronique de Guy Konopnicki : la violence politique
Guy Konopnicki Crédit : Nellu Cohn/RadioJ
La violence politique tend à devenir naturelle. Pardon d’y revenir, j’en parlai ici-même, la semaine dernière, à propos de l’incendie criminel du domicile du maire de Saint-Brévin-les-Pins. Cette semaine, un chocolatier d’Amiens a été proprement tabassé, non sans avoir reçu, depuis plusieurs mois, des insultes et des menaces postées sur les réseaux sociaux. Son crime ? Être le petit-neveu de l’épouse du président de la République… Non, ce n’est pas un mauvais rêve, nous ne dormons pas. La haine d’Emmanuel Macron est une sorte de programme commun, unissant l’extrême-droite et l’extrême-gauche. Elle s’accompagne d’un véritable harcèlement de Brigitte Macron et de sa famille. Les fausses révélations les plus délirantes passent pour réelles à force d’être répétées et relayées. La détestation du couple Macron n’est pas seulement un jeu en vogue sur les réseaux sociaux, elle s’exprime en marge de toutes les manifestations, qu’il s’agisse des retraites, de l’écologie ou de la sécurité, que les manifestants se revendiquent de la Révolution ou d’une vieille France ultra-conservatrice. Qu’importe la couleur, rouge, vert, jaune gilet, ou ce noir qui est le train d’union entre les black-blocs d’ultra-gauche et les fascistes qui défilent cagoulés.   C’est très chic, la haine de Macron. Elle s’exprime dans les meilleurs salons, ceux de gauche, où l’on compatit aux souffrances du peuple, ceux de droite où l’on pleure sur le destin de la France.   J’ai conscience de prendre un risque, en disant ici que je n’ai pas de raison de haïr Emmanuel Macron, moins encore Brigitte. On devrait pouvoir s’opposer à une politique, et même à une méthode de gouvernement sans haïr ceux qui la portent. Du moins, dans une démocratie. Oh ! La haine n’est pas une particularité française. La violence non plus. Donald Trump et ses partisans ont offert au monde un modèle terrifiant, tant par la parole haineuse de l’ancien président, que par le saccage du Capitole, siège de la démocratie américaine. Et, hélas, on ne saurait dire que les ministres d’Israël portent tous l’amour du prochain, premier commandement d’une loi dont ils se réclament. La haine est le principe politique de toutes les dictatures, la haine du couffar, elle est aussi le moteur de la guerre de destruction menée par Vladimir Poutine contre le peuple ukrainien.   La démocratie, et ce que l’on appelle, en France, la République sont en principe de formes d’organisation sociale supérieures, qui permettent d’exprimer des idées politiques contradictoires, de défendre, au besoin, les intérêts et les revendications d’un groupe social, sans prendre pour cible des individus, sans les mettre en danger, et en préservant leurs proches des polémiques qui ne les concernent pas.   Le conflit social qui oppose le gouvernement aux syndicats et aux partis d’opposition n’a rien d’exceptionnel. La France en a connu d’autres et les a résolu, quand le rapport de force obligeait à négocier pour sortir de la crise. Oh ! Dans toutes les situations, la haine s’exprimait, particulièrement à l’époque du Front Populaire, quand la presse de droite couvrait d’injures le président Léon Blum, quand des journaux de caniveau calomniaient le ministre de l’Intérieur, Roger Salengro, au point de le pousser au suicide. Nous connaissons la suite, cette France haineuse et violente, a pu s’exprimer pendant quatre ans, sous le régime de Vichy. Elle venait, majoritairement de la droite et de l’extrême-droite, mais elle avait rallié d’anciens dirigeants communistes des années vingt, passés de la haine de classe à haine des juifs, des francs-maçons, des intellectuels, de l’Angleterre et de l’Amérique…   Las ! Il n’y a pas de leçons de l’histoire, surtout quand on passe le plus clair de son temps à l’invoquer pour la déformer. Non, Emmanuel Macron n’est pas Louis Capet, ci-devant roi des Français, non Brigitte Macron n’a strictement aucun rapport avec Marie-Antoinette, dont les neveux et petits-neveux n’étaient pas chocolatiers, mais empereurs d’Autriche. Non, les manifestants, si nombreux soient-ils, ne préparent ni la prise de la Bastille, ni l’assaut des Tuileries. Le fantasme de Révolution est minoritaire. La violence physique et verbale portera le pire au pouvoir. Dans le meilleur des cas, elle interdira toute alternative politique, et nous obligera, une fois de plus, à voter par défaut, pour préserver la République. GK

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