Quel statu quo sur le Mont du Temple ?

Israël.

Quel statu quo sur le Mont du Temple ?
(Crédit: administration du Mont du Temple)
C'est effectivement dans la foulée de la guerre des Six Jours que l'on a commencé à parler de statu quo. Israël venait de reconquérir la partie orientale et la vieille ville de Jérusalem, sous occupation jordanienne depuis 1949. Tsahal a repris non seulement le Kotel, mais aussi le Mt du Temple qui le surplombe. Mais très vite, cette victoire militaire devient un casse-tête diplomatique. On se souvient de la fameuse phrase attribuée à Moshe Dayan découvrant les mosquées : "que va-t-on faire de ce Vatican ?". Et c'est le ministre israélien de la Défense qui décide que l'administration des lieux saints musulmans restera la responsabilité de l'institution religieuse jordanienne du Waqf, qui la dirigeait jusque-là. Ce qui a en fait décidé Moshe Dayan à faire machine arrière, ce sont les émeutes musulmanes qui ont eu lieu sur l'esplanade début août 1967, après que le Rabbin Moshe Goren, l'aumônier général de Tsahal avait conduit une prière collective à l'occasion du 9 Av, date anniversaire de la destruction du Temple. Plus d'activité juive sur le Mt du Temple et les fidèles juifs sont priés de se rabattre sur le Kotel. Sauf qu'en réalité, il n'y a pas eu d'interdiction formelle pour les Juifs de prier sur l'esplanade du Mt du Temple. L'interdit est venu des grands rabbins d'Israël qui ont établi que cela contrevenait à la Halacha, la loi juive. Voilà pour la mise en place du statu quo, qui est donc une décision unilatérale d'Israël et qui ne remet pas en question sa souveraineté sur le site. Depuis l'annexion de Jérusalem, c'est la police israélienne qui assure la sécurité et le maintien de l'ordre public sur l'esplanade du Mt du Temple, tandis que les mosquées sont toujours administrées par le Waqf, qui dispose d'ailleurs de son propre service d'ordre. Au cours des 30 dernières années, le Waqf a aussi connu une évolution, avec une représentation palestinienne, pas toujours en phase avec celle de la Jordanie, tandis que d'autres forces ont également pris pied sur le site : le Mouvement islamique arabe israélien, qui a notamment été à l'initiative de l'établissement d'une nouvelle mosquée, sous l'esplanade, dans ce que l'on appelle les Ecuries de Salomon et dont la capacité a largement dépassé ce qu'Israël avait autorisé. Et depuis quelques années, c'est le Hamas qui a commencé à s'imposer en s'appuyant sur la jeunesse arabe locale, à travers l'organisation "Shabab Al Aqsa", en première ligne dans les émeutes, telles que celles que l'on a vues ce printemps lors du mois de Ramadan. Le Mouvement islamique, comme le Hamas, capitalisent sur le slogan "al Aqsa en danger" pour attiser les tensions en accusant Israël de chercher à détruire les mosquées. Côté israélien aussi, la situation a évolué. La police est devenue plus présente au cours des dernières années pour sécuriser le Mt du Temple et faire reculer les organisations islamistes qui étaient en train de prendre le contrôle du site. Et puis, le nombre de visiteurs juifs a constamment augmenté, passant de 5.700 en 2009, à plus de 35.000 depuis 2018,  si l'on excepte les années de pandémie de Covid. Soit sept fois plus en une décennie. Si l'interdit de prière édicté par le grand Rabbinat et par les rabbins du courant orthodoxe n'a pas été levé, de plus en plus de rabbins du courant nationaliste religieux ne le reconnaissent plus. Et la présence de leurs représentants politiques au gouvernement rend évidemment le sujet encore plus sensible. Et s'il reste d'abord un enjeu stratégique sous la haute surveillance du chef du gouvernement et des responsables de la défense israélienne, le statu quo sur le Mt du Temple est en fait un changement permanent. Pascale Zonszain

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