A Cannes, un film sur la Shoah pourrait obtenir la Palme D’or

Culture.

A Cannes, un film sur la Shoah pourrait obtenir la Palme D’or
(Crédit : DR)
"The Zone of Interest" montre des scènes de vie ordinaire qui rendent encore plus effrayante la réalité de l'autre côté du mur. La Shoah vue par les bourreaux ou la « banalité du mal »Hanna Arendt.

La Shoah perpétrée par des gens comme les autres

Le cinéaste s’est lancé pour défi de décrire Auschwitz, vu de l’autre côté du mur. Ainsi l’insoutenable violence de la Shoah tient au fait qu’elle a été perpétrée « non pas par des monstres, mais par des gens comme les autres », selon Jonathan Glazer, qui a présenté  « The Zone of Interest » à Cannes. Le quatrième long-métrage du réalisateur britannique, portrait  du commandant d’Auschwitz Rudolf Höss et sa famille, s’adonnant aux plaisirs de la vie dans leur maison jouxtant le camp d’ extermination le plus terrifiant de l’histoire de l’humanité.

Une maison de rêve à l’ombre des chambres à gaz

Ce personnage a réellement existé , c’est lui qui a  dirigé le camp pendant plus de trois ans. Rudolf Höss fut même à l’initiative d’en augmenter les capacités exterminatrices. Mais dans le film et c’est là toute l’originalité du projet , on voit le nazi  aux côtés de sa femme Hedwig, surnommée « la reine d’Auschwitz ».A l’ombre des chambres à gaz et des fours crématoires ,ils se construisent une vie de rêve dans cette maison, flanquée  d’un jardin fleuri et même d’une piscine, non loin d’une rivière où ils s’amusent parfois avec leurs enfants. Ce long-métrage avec son portrait glaçant du commandant du camp se focalise donc sur des scènes de vie ordinaire qui rendent encore plus terrifiante la réalité de l’autre côté du mur : le bruit des tirs, celui de l’arrivée des convois de la mort, les cris de détenus. Tout est suggéré, rien n’est montré dans ce film ( à la manière monument Shoah de Claude Lanzmann), sauf la fumée qui se dégage des chambres à gaz. « Tout a été très bien calibré pour qu’on sente qu’elle est toujours là, cette machine monstrueuse », affirme Jonathan Glazer à l’AFP.

« Des gens ordinaires ont commis la plus grande monstruosité de l’histoire »

Jonathan Glazer s’est inspiré du roman du même nom de son compatriote Martin Amis . « les gens derrière l’extermination « étaient juste un groupe de gens du type bourgeois, provincial, ambitieux, des gens ordinaires » explique-t-il Le cinéaste s’est bien sur documenté sur la manière de vivre des SS qui régissaient les camps, sur leurs habitudes, pour essayer de « comprendre » l’incompréhensible. « Ça laisse à penser que l’horreur, c’est que ces gens soient non pas des monstres mais des gens comme les autres. Comment des gens comme les autres peuvent-ils agir de la sorte ? »s’est interrogé Glazer.

La « zone d’intérêt » était l’appellation utilisée par les nazis pour décrire la zone de 40 kilomètres carrés entourant le camp de concentration d’Auschwitz

Des servantes allemandes utilisent des vêtements spoliés, tandis que les enfants du commandant examinent des dents en or. Dans le film une toute petite lueur  d’humanité avec une petite fille polonaise  qui donne chaque nuit un peu de nourriture pour les détenus. « J’ai grandi dans une famille juive, j’étais entouré de proches et d’amis juifs. On apprend cela dès notre plus jeune âge. C’est comme un livre que vous retirez d’une étagère avec une curiosité d’enfant… Vous commencez à regarder les images et vous vous dites : ils me ressemblent, ils ressemblent à mon oncle, à ma mère. Qui sont-ils ? Pourquoi leur a-t-on fait ça ? », dit-il.

Une première sensation sur la Croisette dans la compétition pour la Palme d’or

La critique au Festival a été impressionnée « L’enfer aux portes du paradis. Deux heures durant, Jonathan Glazer - qui ressort un film pour la première fois depuis 2013 et «Under the Skin» - nous décrit froidement, avec une distance clinique et glaciale, le quotidien du SS Rudolf Hoss et de sa famille installée à deux pas du camps d'extermination d'Auschwitz. »écrit pour CNEWS  Laurent Gahnassia. Et le film frappe par son «  cynisme aveugle, d'horreur suggérée, jamais dévoilée. Toujours devinée par des sons, des bruits, des cris au loin, des nuages de fumée qui s'échappent derrière les murailles. Et pourtant. La famille a reconstitué un jardin d'Eden avec piscine, serre et verger au coeur de la campagne polonaise. Les enfants s'amusent. Le soleil brille. Rien ne perturbera une sérénité et un confort absolus. «The Zone of Interest»… «  est une expérience inédite, éprouvante, qui mieux que ce qu'on a pu voir jusqu'alors, illustre la banalité du mal dans toute son effroyable réalité. Une leçon de cinéma, qui constitue la première véritable émotion forte de la compétition officielle pour la Palme d'or ».a analysé le critique de cinéma enthousiaste. Michel Zerbib

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