Gay Pride à Jérusalem : un défi pour Itamar Ben Gvir

Israël.

Gay Pride à Jérusalem : un défi pour Itamar Ben Gvir
(Crédit : autorisation)
Nul doute que cette 21ème édition de la Gay Pride à Jérusalem ne sera pas tout à fait comme les autres. Toujours beaucoup plus sensible qu'à Tel Aviv ou dans d'autres villes d'Israël, surtout depuis le meurtre en 2015 de Shira Banki, une adolescente de 16 ans poignardée par un fanatique juif, la Marche des fiertés dans la capitale israélienne, fait toujours l'objet d'une vigilance particulière de la part des forces de l'ordre. Et cette année encore, 2.000 policiers seront déployés pour sécuriser le parcours. Mais cette marche intervient dans un contexte politique inédit, puisque la coalition au pouvoir compte des personnalités qui n'ont jamais caché leur hostilité à la communauté LGBT. A commencer par le vice-ministre Avi Maoz, leader du parti Noam, dont le programme refuse par exemple l'égalité de droits pour les couples homosexuels et prône les thérapies de conversion et qui avait tenté sans succès de faire annuler les marches des fiertés en Israël. Mais aussi le ministre des Finances Betsalel Smutrich, qui avait été l'un des initiateurs en 2005 des premières "marches du bétail" une contre-manifestation qui consistait à faire défiler des animaux, pour moquer le cortège de la Gay Pride. Et enfin celui qui avait participé à ces manifestations homophobes et qui est aujourd'hui chargé d'assurer la sécurité de la marche LGBT : le ministre de la Sécurité Nationale, Itamar Ben Gvir. Le ministre nationaliste n'est certainement pas suspect de prendre sa mission à la légère. Et Itamar Ben Gvir a assuré qu'il ne permettrait pas le moindre débordement ou acte de violence contre les participants au défilé. Mais c'est aussi au nom de la liberté d'expression que le leader de Puissance Juive a assuré qu'il laisserait également défiler les opposants à la Gay Pride et qu'il s'opposait à tout blocage ou interpellation par la police de Juifs religieux. " Tout le monde a le droit de protester en Israël et c'est mon devoir de veiller à ce qu'il puisse le faire, y compris ceux qui sont contre la Gay Pride " a affirmé le ministre. C'est que pour la première fois, Itamar Ben Gvir passe de l'autre côté de la barrière et va devoir assumer son rôle de ministre de tutelle de la police, alors qu'il n'a jamais fait mystère de son homophobie. La police, mais aussi le Shin Beth, surveillent d'ailleurs de près depuis plusieurs semaines les activistes ultranationalistes, comme ceux de l'organisation Lehava, dont l'actuel ministre de la Sécurité Nationale a été très proche, mais aussi d'autres organisations et activistes moins visibles. Paradoxalement, la configuration politique actuelle pourrait aussi être un facteur positif, dans la mesure où la présence de partis nationalistes religieux et ultraorthodoxes dans la majorité doit rassurer les adversaires de la communauté LGBT et désamorcer leur hostilité. Et cette marche à Jérusalem s'inscrit justement dans un contexte plus large de tension politique et de mobilisation contre le projet de réforme judiciaire porté par la coalition. Au cours des manifestations qui se poursuivent depuis maintenant 21 semaines, on a vu de nombreux drapeaux arc-en-ciel de la communauté LGBT. Et on peut s'attendre aujourd'hui à ce que ce soient les drapeaux d'Israël des opposants à la réforme qui se mêlent à ceux de la Gay Pride. De nombreux élus de l'opposition ont d'ailleurs annoncé qu'ils participeraient au cortège, et parmi eux Yaïr Lapid et Benny Gantz. Une journée qui s'annonce électrique aujourd'hui à Jérusalem. Pascale Zonszain

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