Qui veut vraiment un compromis sur la réforme judiciaire ?

Israël.

Qui veut vraiment un compromis sur la réforme judiciaire ?
(Crédit : Kobi Gideon/GPO)
Cela fait maintenant deux mois que le Premier ministre israélien a décidé de suspendre la réforme du système judiciaire pour donner une chance au dialogue. Les négociations en vue d'un compromis se poursuivent depuis, sous l'égide du chef de l'Etat, sans que l'on n'annonce de percée. Ces pourparlers ont en tout cas le mérite d'avoir fait retomber la tension qui avait atteint son paroxysme à la fin du mois de mars, avec une opinion publique divisée et au bord de la crise de nerfs. Partisans et adversaires de la réforme judiciaire s'opposent toujours sur le contenu de la réforme, et en particulier sur les compétences et la composition de la Cour Suprême. Mais en tout cas, ils discutent. Ce qui a permis au gouvernement de consacrer les dernières semaines au passage du budget de l'Etat, qui lui garantit en théorie deux ans de tranquillité politique. Pour Benyamin Netanyahou, c'est un écueil de moins, d'autant qu'il a eu aussi à gérer, au début du mois de mai, une confrontation de cinq jours sur le front de Gaza, face au Jihad islamique. Deux épisodes qui lui ont également permis de se remettre en selle, en reprenant les rênes de l'exécutif, après quatre mois où il semblait à la remorque de sa coalition et des événements. Le Premier ministre Likoud a d'ailleurs freiné sa chute de popularité dans les sondages, même si Benny Gantz continue de le talonner et a même repris la tête avec 36% d'opinions favorables, contre 34% pour Benyamin Netanyahou. Une popularité qui fait aussi de l'ombre au vrai chef de l'opposition, Yaïr Lapid et qui a sérieusement tendu les rapports entre les deux leaders d'opposition. Car c'est plus au détriment de Yaïr Lapid que de Benyamin Netanyahou que la position de Benny Gantz s'est renforcée. Ce qui n'a pas échappé aux élus de la majorité qui jouent sur la rivalité entre les deux partis d'opposition pour tenter de l'affaiblir. Mais il ne faut pas s'y tromper : le chef de l'Etat est probablement le seul à vouloir réellement et sincèrement la réalisation d'un compromis sur la réforme judiciaire, même s'il ne se fait guère d'illusion sur ses chances d'y parvenir. Car face à lui, Benny Gantz et Yaïr Lapid ont plutôt intérêt à voir l'échec des pourparlers, conscients qu'un compromis avec la majorité leur fera nécessairement perdre une partie de leur soutien électoral et de leur crédibilité politique auprès des adversaires de la réforme. Mais dans le camp de la majorité aussi, on se méfie d'un compromis. Pour les deux principaux initiateurs de la réforme judiciaire, Yariv Levin et Simha Rothman, toute concession à l'opposition équivaudrait à une capitulation. Et pour l'éviter, quoi de mieux que la rupture des pourparlers chez le président ? Reste toutefois un acteur de ce jeu politique, qui lui a plutôt intérêt à faire durer ces négociations le plus longtemps possible, qu'elles débouchent ou non sur un accord. Et c'est Benyamin Netanyahou. Le chef du gouvernement sait mieux que personne désamorcer une crise en la laissant pourrir sur elle-même et sans avoir à trancher. Ce qui lui permettra  de désamorcer une réforme un peu trop radicale à son goût. Et pendant ce temps de s'occuper d'autres dossiers pressants, à commencer par l'économie. Mais aussi de son invitation à la Maison Blanche, que Benyamin Netanyahou attend fébrilement depuis le début de son mandat. Et que le président Biden sera certainement plus disposé à lui envoyer, si le dossier de la réforme judiciaire n'encombre plus la table. Pascale Zonszain

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