Les combattantes de Tsahal : un enjeu encore sensible

Israël.

Les combattantes de Tsahal : un enjeu encore sensible
(Crédit : Tsahal)
La sergente Lia Bin Noun, la soldate tuée le 3 juin au côté du sergent Ori Illouz, appartenait avec son camarade au bataillon Bardelas. Le sergent Ohad Dahan, tué quelques heures plus tard dans la traque du terroriste égyptien, servait quant à lui dans le bataillon Caracal. Leur point commun : leurs combattants sont des hommes et des femmes servant côte à côte. On a entendu des commentaires dans certains médias israéliens, qui voyaient dans cette mixité une explication possible au drame, estimant qu'elle pouvait détourner les soldats de leur mission et compromettre leur efficacité en opérations. Des propos qui ont profondément choqué, à commencer par les familles des victimes, dont celle de la soldate, mais aussi une bonne partie du public et contre lesquels s'est insurgé le ministre de la Défense, Yoav Gallant, dont la fille a d'ailleurs servi dans Caracal. Le bataillon Caracal a été créé en 2004 et le bataillon Bardelas en 2014. Les deux bataillons d'infanterie sont affectés à la surveillance de la frontière avec l'Egypte. Il en existe aussi un troisième, "les Lions du Jourdain", affecté à la frontière jordanienne. Leur mission est d'enrayer les infiltrations de terroristes et le passage des trafiquants. Et tous sont donc mixtes, avec des missions identiques pour les hommes et les femmes, qui reçoivent la même formation combattante. Et ce ne sont pas les seules unités où des femmes ont des missions combattantes et se retrouvent en première ligne. C'est aussi le cas des gardes-frontière, même s'ils appartiennent au corps de la police et non de l'armée, et qui sont régulièrement déployés en Judée Samarie. Là encore, dans leurs rangs, des femmes qui effectuent les mêmes missions de sécurité et ce depuis 1996. Elles étaient 25 dans la première promotion. Elles représentent aujourd'hui plus d'un tiers des effectifs des gardes-frontière. C'est vrai que si des femmes avaient combattu avant et pendant la guerre d'Indépendance, il s'est ensuite passé plusieurs décennies avant qu'elles ne retrouvent l'accès au service combattant. C'est la fameuse jurisprudence Alice Miller, l'arrêt de la Cour Suprême de 1995. La jeune soldate s'était vu refuser de passer les tests d'aptitude pour le cours de pilote de l'armée de l'air et les juges avaient estimé qu'il s'agissait d'une discrimination et que l'examen devait être ouvert aux deux sexes dans les mêmes conditions. Depuis, les femmes ont fait leur chemin dans l'aviation, devenant pilotes d'hélicoptères et de chasseurs et en 2018, Tsahal a promu une première femme chef d'escadrille. Il y a eu des programmes d'intégration de femmes dans le corps des blindés, avec des équipages de tank féminins, mais affectés uniquement à  la défense des frontières. L'artillerie a aussi ouvert ses unités au service féminin, au point que le nombre de soldates pourrait bientôt y atteindre les 30%. Aujourd'hui 4.400 femmes servent dans les unités combattantes de Tsahal. Bien sûr, dans la société israélienne, on ne peut pas faire abstraction de la dimension religieuse et du problème que la mixité pose aux Juifs plus traditionnalistes. Mais ces jeunes filles - dont certaines sont aussi religieuses - qui choisissent de combattre comme les hommes et qui ont donné des preuves de leur détermination et de leur courage au même titre que leurs collègues masculins, doivent être reconnues. Et encore plus si c'est possible, quand elles tombent dans l'exercice de leur mission. Pascale Zonszain

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