On pense d'abord à la position constante de l'Arabie Saoudite : pas de paix avec Israël sans un Etat palestinien. Cela fait plus de vingt ans que le royaume du Golfe pose cette condition préalable pour le règlement du conflit israélo-arabe. Alors évidemment, aujourd'hui, le prince héritier d'Arabie saoudite ne va pas faire de virage à 180 degrés. Mais Mohammed ben Salman pourrait se contenter de mesures concrètes d'Israël à l'égard des Palestiniens, sans aller jusqu'au règlement définitif du conflit. En tout cas, si on se fie aux révélations publiées en fin de semaine par le New York Times. On se doute que même dans une forme atténuée, des concessions aux Palestiniens auront du mal à passer auprès de la coalition israélienne actuelle, et Benyamin Netanyahou risque de se heurter au refus de ses alliés nationalistes. Mais ça n'est pas la seule difficulté. Le véritable problème se situe dans les exigences que l'Arabie Saoudite pose aux Etats-Unis en échange de la normalisation avec Israël.
D'abord Riyad veut renforcer son armée par l'acquisition de chasseurs F35 et d'armement de pointe américains. Ce qui risque de remettre en cause la supériorité militaire qualitative d'Israël dans la région. Et ça ne passera que si Israël obtient des Etats-Unis de quoi maintenir sa supériorité, comme ils y sont engagés par une loi votée par le Congrès américain. Mais surtout, et c'est là que se trouve le défi principal : les Saoudiens veulent développer leur programme nucléaire civil. Pour cela ils ont besoin des Etats-Unis, à qui ils mettent donc le marché en mains, en proposant en échange de normaliser les relations avec Israël.
Depuis des décennies, Israël fonde sa doctrine de défense sur la non-prolifération nucléaire au Moyen-Orient. Israël n'a jamais confirmé détenir l'arme nucléaire. En revanche, il s'oppose, pour des considérations de survie à ce qu'aucun autre Etat de la région ne la détienne. Pour avoir l'arme nucléaire, il faut pouvoir enrichir son propre uranium. Ensuite, c'est juste une affaire de décision politique. C'est exactement le cas de l'Iran. Et c'est ce que veut maintenant l'Arabie Saoudite. Or, pour Israël, il est clair que ce serait le début de la course à l'arme nucléaire dans toute la région, à commencer par des pays comme l'Egypte ou la Turquie. Donc, des pays qui renforceraient leurs rivalités avec l'arme nucléaire, sans compter bien sûr le risque qu'ils finissent par la diriger contre Israël. La seule alternative viable pour Israël, ce serait que l'Arabie Saoudite renonce à enrichir son propre uranium, qu'il pourrait importer des Etats-Unis et ainsi développer un programme nucléaire civil qui resterait sous contrôle américain et international. C'est d'ailleurs ce qui a été réalisé dans le cadre de l'accord de normalisation entre les Emirats arabes unis et Israël en 2020. Les Américains leur fourniront l'uranium pour leurs centrales et Israël a accepté de regarder ailleurs. Mais les Saoudiens risquent d'être un peu plus difficiles à convaincre.
Pascale Zonszain
Les vrais problèmes pour une normalisation Israël-Arabie saoudite
Israël.
Publié le 19/06/2023 à 08h42 - Par Gabriel Attal
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