Qui sont les jeunes extrémistes juifs de Judée-Samarie ?

Sur les quelque 500.000 Israéliens de Judée Samarie, on parle tout au plus de quelques centaines de personnes et pour la plupart de très jeunes. Ceux que l'on retrouve impliqués dans des attaques contre les Palestiniens, ce sont ceux que l'on appelle justement les "Jeunes des collines". Des comportements violents qui ne sont d'ailleurs pas réservés aux Palestiniens. Ils visent aussi parfois des soldats de Tsahal. On a vu par exemple lundi soir comment le colonel commandant de la zone de Binyamin, qui était venu présenter ses condoléances à la famille d'une des victimes de l'attentat d'Eli, a été pris à parti, injurié, menacé par un petit groupe de jeunes, jusqu'à devoir faire demi-tour. Et cet incident n'est pas exceptionnel. Et puis on a assisté à de véritables expéditions punitives qui ont visé des villages palestiniens, avec des groupes de jeunes qui mettent le feu à des voitures, à des champs et même à des habitations. Ces "jeunes des collines" sont essentiellement des adolescents ou de jeunes adultes. Ils vivent le plus souvent en communauté, dans des points de peuplement sauvages, sur des collines justement. Certains le font par motivation idéologique, pour accomplir le peuplement juif de la Judée Samarie. C'était vrai quand le mouvement avait commencé dans les années 90. Et la majorité d'entre eux venaient de familles du courant sioniste religieux. Si c'est encore le cas aujourd'hui, ils ne sont plus les seuls. Ils ont été rejoints par des jeunes qui ne vivent pas forcément en Judée Samarie, et  qui sont issus de familles orthodoxes ou qui choisissent une façon radicale de revenir à la religion. Ceux-là sont souvent en rupture avec leur famille, et déscolarisés. Ils ont très peu de leaders, et surtout aucune organisation. Même si aujourd'hui, ils utilisent les réseaux sociaux pour communiquer et se coordonner entre eux. Ils ne reconnaissent pratiquement aucune autorité et leurs rapports avec les habitants des implantations et leurs représentants sont compliqués, voire inexistants. C'est pour toutes ces raisons qu'on ne peut pas les faire entrer simplement dans la catégorie de "terroristes". Leurs motivations peuvent prendre un habillage idéologique quand ça les arrange, mais elles relèvent plutôt de la délinquance, même si elle peut être extrêmement violente. S'ils montent en puissance aujourd'hui, c'est d'abord à cause du contexte sécuritaire. Les Israéliens de Judée Samarie ne se sentent plus du tout en sécurité. Se déplacer sur les routes revient à jouer à la roulette russe. Donc, il y a de la peur, mais aussi un sentiment de frustration, qui chez ces jeunes des collines va se transformer en violence, verbale mais aussi physique. Et puis, il y a le contexte politique. Tout le débat public se détériore et se polarise depuis quelques années et ça s'est encore aggravé depuis ces derniers mois. Et là, les élus portent une responsabilité, en particulier ceux des partis nationalistes, qui tiennent un discours de plus en plus radical contre les Palestiniens, mais aussi contre les responsables des services de sécurité. Ces élus sont aujourd'hui au pouvoir. Ils doivent assumer leurs responsabilités et ne pas excuser ces jeunes pour leur violence. Car cela ne rend service à personne. Pascale Zonszain