Netanyahou entre le marteau et l'enclume

Israël.

Netanyahou entre le marteau et l'enclume
(Crédit: GPO)
Benyamin Netanyahou se retrouve là où il ne voulait pas : pris entre le marteau et l'enclume. Entre ses alliés politiques et son allié américain. Et avec de plus en plus de difficulté à séparer les uns de l'autre. Si on rembobine ce qui s'est passé depuis deux semaines, les choses semblaient pourtant s'arranger pour le chef du gouvernement israélien. Il avait réussi à traverser sans trop de dommage la tempête parlementaire du vote sur la commission de sélection des juges. Et il avait profité de ce que l'opposition avait décidé de suspendre les négociations sur la réforme judiciaire pour mettre sur la table une version allégée de la réforme, qui devait lui permettre de satisfaire sa coalition sans braquer l'opposition. Et dans la foulée, retrouver les faveurs de Washington, et si possible cocher enfin sur son agenda, la date de sa visite à la Maison Blanche. Sauf que rien ne s'est passé comme prévu. Le 20 juin, deux terroristes palestiniens assassinaient 4 Israéliens près de l'implantation d'Eli. Et tout a déraillé. Les expéditions punitives menées par des groupes d'extrémistes juifs contre des villages palestiniens de Samarie, puis les explications embarrassées de certains élus de la coalition, pour ne pas mentionner la déclaration révoltante d'une ministre du parti de Betsalel Smutrich qui avait comparé les chefs des services de sécurité israéliens aux mercenaires russes du groupe Wagner – même si elle s'était rétractée ensuite – tout cela a encore détérioré les relations déjà compliquées avec l'administration Biden. Surtout que le village de Tourmous Aya, qui avait été le théâtre d'émeutes juives le 21 juin, compte parmi ses habitants des Palestiniens ayant vécu aux Etats-Unis et qui ont la nationalité américaine. Mercredi, le Secrétaire d'Etat américain adressait une nouvelle mise en garde au gouvernement israélien : "tant que ça brûle dans votre arrière-cour, il sera très difficile de renforcer et d'élargir la normalisation avec les pays arabes" déclarait en substance Antony Blinken. Autrement dit, la dégradation en Judée Samarie, et en particulier les graves incidents impliquant des violences juives contre des Palestiniens aggravent la nervosité des dirigeants américains, qui ont l'impression que Benyamin Netanyahou ne parvient pas à contrôler ses extrêmes. Et donc, tout le travail politique et surtout diplomatique du chef du gouvernement sur une nouvelle version de la réforme judiciaire, semble tomber à l'eau. Rétablir la situation ne sera pas simple pour Benyamin Netanyahou. D'abord, il faut d'abord qu'il persuade les Américains qu'il n'est pas à la remorque de son aile droite, qu'il garde les deux mains sur le volant, comme il l'avait affirmé au début de l'année, et qu'il est en mesure de contenir les dérives extrémistes. Benyamin Netanyahou a été très clair dans ses condamnations, et dans ses assurances sur la sauvegarde de la démocratie, mais Washington attend des actes. Et puis, il faudra aussi que le climat politique général autour de la réforme judiciaire ne connaisse pas une nouvelle poussée de fièvre, comme ce qui s'était passé au printemps. Moralité : quand Benyamin Netanyahou aura reçu une invitation de Joe Biden, cela voudra dire qu'Israël sera sorti de la tempête. Pascale Zonszain

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