L’étudiant Syrien Majdi Nema renvoyé aux assises de Paris pour crimes de guerre

France.

L’étudiant Syrien Majdi Nema renvoyé aux assises de Paris pour crimes de guerre
(Crédit : Twitter)
L’homme était venu en France comme simple étudiant et il pourrait aujourd’hui écoper d’une très lourde peine de prison.

Nom de guerre Islam Alloush pour des crimes de guerre

Le 19 juillet, le Syrien Majdi Nema, de son nom de guerre Islam Alloush, a été renvoyé devant la cour d’assises de Paris par deux juges d’instruction du pôle crimes contre l’humanité. Interpellé à Marseille en 2020, cet ancien dirigeant et porte-parole du groupe salafiste Jaysh al-Islam (JAI, L’Armée de l’islam, créé en 2013) est accusé de complicité de crimes de guerre et de disparitions forcées ainsi que de participation à un groupement formé ou à une entente établie en vue de commettre des crimes de guerre. Agé de 35 ans, Majdi Nema se serait notamment rendu complice de massacres et de tortures perpétrés par Jaysh al-Islam contre la population civile et des prisonniers de guerre entre 2012 et 2018. Outre les tueries et les tortures, il aurait également procédé au recrutement forcé d’enfants pour en faire des combattants.

Accusé d’avoir fait disparaître l’avocate Razan Zaiitouneh, l’une des grandes figures des défenseurs des droits de l’homme en Syrie

Jaysh al-Islam est accusé d’avoir arrêté en décembre 2013 puis fait disparaître quatre militants des droits de l’homme, dont l’avocate Razan Zaitouneh, l’une des figures les plus lumineuses des défenseurs des droits humains. Menacée par le régime de Bachar el-Assad et par les groupes armés islamistes, elle avait reçu notamment le prix Sakharov et le prix Anna-Politkovskaïa. Avant sa disparition, Razan Zaitouneh avait enregistré un message vidéo dans lequel elle saluait «les milliers d’hommes et de femmes qui travaillent silencieusement et au ras du sol pour réaliser leur rêve de liberté et de justice». Me Romain Ruiz, qui assure la défense de Majdi Nema avec son confrère Raphaël Kempf, dénonce une «volonté purement politique de juger en France des crimes que nous n’avons absolument pas les moyens de juger» et ajoute: «Aucune vérification, aucun acte d’investigation n’a pu être réalisé en Syrie pour des raisons évidentes. Tout ce dossier est donc construit sur des témoignages, des affirmations qui n’ont jamais été vérifiés.» Les parties ont dix jours pour faire appel de l’ordonnance devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris. L’un des enjeux du procès à venir portera sur les responsabilités de l’accusé au sein du groupe salafiste Jaysh al-Islam. Majdi Nema assure avoir eu un rôle subalterne et avoir pris ses distances. Pour leur part, les parties civiles (cinq victimes ainsi que la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), la Ligue des droits de l’homme et le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression dont était membre Razan Zaitouneh) ont salué cette décision de renvoi. Les trois organisations ont été à l’origine des poursuites en déposant en juin 2019 une plainte visant Jaysh al-Islam puis en informant la justice française en janvier 2020 de la présence en France de Majdi Nema.

Compétence universelle de la justice française en question

L’affaire a d’ailleurs donné l’occasion d’avancer sur la question de la compétence universelle de la justice française. En juin dernier, la Cour de cassation a ainsi tranché et jugé que Paris pouvait juger ces crimes. Enfin, au-delà du fond du dossier, les débats à venir permettront peut-être d’éclairer les conditions dans lesquelles l’accusé, dont le groupe était déjà pointé du doigt par nombre d’organisations de défense des droits de l’homme, a pu arriver en France depuis la Turquie en novembre 2019 pour suivre un cycle de conférences organisé par l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans et le CNRS, à l’université d’Aix-en-Provence. Michel Zerbib

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