A première vue, rien de changé pour cette journée du 9 Av en Israël. Les commerces, les cafés et les restaurants ont baissé leur rideau avant la fin de l'après-midi. Les cinémas et les théâtres ont fait relâche. Les rues se sont vidées. A la tombée de la nuit, après le début du jeûne, on reste chez soi ou on va lire le Livre des Lamentations à la synagogue, ou dans des rassemblements organisés en plein air. Et à Jérusalem, bien sûr devant le Kotel, où les fidèles auront passé la nuit, assis à même le sol, en signe de deuil et de contrition. Et cette année, pour beaucoup d'Israéliens ce jour du 9 Av, Tisha Be'Av a pris un goût encore plus amer. Cette référence historique, abstraite, parfois lointaine, comme l'était le souvenir de l'exil de la diaspora, avait plus de sens pour les Israéliens religieux que pour les laïcs. Jusqu'à aujourd'hui, les Israéliens ne vivaient pas dans leur chair ou en tout cas dans leur esprit la possibilité de voir leur édifice national s'écrouler, ou en tout cas être ébranlé. L'Etat d'Israël restauré ne risque que les coups de ses ennemis extérieurs. L'Etat d'Israël restauré serait plus fort que les divisions des tribus qui le composent et qui le feraient toujours passer avant leurs intérêts propres, comme l'avaient voulu et réalisé David Ben Gourion et Menahem Begin en 1948 lors de l'épisode terrible de l'Altalena. Ces deux géants du sionisme, aux opinions politiques opposées, s'étaient retrouvés sur la nécessité absolue de protéger le tout jeune Etat des divisions internes de leur tribu respective – à l'époque, des camps idéologiques opposés. L'Etat passerait et était passé avant la tribu. Et puis cette année, la réalité a changé. Depuis bientôt huit mois, on voit deux camps s'opposer autour du projet de réforme judiciaire. Et les divisions sont encore exacerbées par un discours de plus en plus polarisé et radicalisé, où la confiance mutuelle et la confiance dans les institutions et leurs représentants, se dégradent progressivement.
Hier, en fin d'après-midi, le président Herzog a adressé un message aux Israéliens, pour les appeler justement à renouer le dialogue. Le chef de l'Etat a expliqué qu'il partageait les sentiments de ses concitoyens : l'anxiété, la peine, la colère et la frustration. Il a reconnu aussi sa déception de ne pas être parvenu à convaincre les acteurs politiques de trouver un compromis. Et il a souligné que la principale responsabilité, même si elle n'est pas exclusive incombe d'abord à ceux qui détiennent le pouvoir politique. Mais le président israélien a promis qu'il ne renoncerait pas à réconcilier les camps opposés. "C'est le temps de nous rappeler le commandement suprême : il ne peut pas y avoir de guerre civile". Itzhak Herzog a prononcé le mot, pour réveiller les consciences de ses compatriotes.
Les Israéliens passeront cette journée de Tisha Be'Av, comme le font toujours les Juifs, en se souvenant du passé lointain pour se projeter dans l'avenir. En Israël, ces derniers temps, on vit plutôt au jour le jour, au fil des drames politiques, de la crise des réservistes et des avertissements des acteurs économiques. C'est le moment parfait pour se rappeler que l'Etat d'Israël s'inscrit dans la continuité historique plurimillénaire du peuple juif. Et de la responsabilité de préserver ses acquis pour les générations futures. Les Israéliens sont beaucoup plus résilients qu'ils ne le croient.
Pascale Zonszain
9 Av 2023
Israël.
Publié le
27/07/2023 à 09h00 - Par Eitanite Bellaiche
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