Netanyahou jupitérien

Israël.

Netanyahou jupitérien
Binyamin Netanyahu (Crédit : capture d'écran)
Décidément, Netanyahou a une préférence pour les médias américains. Cette fois, c'est la chaine ABC News qui a eu droit aux confidences du Premier ministre israélien, ce qu'aucun média local et de langue hébraïque n'a pu obtenir depuis qu'il a repris la tête du gouvernement au début de l'année. L'exercice, outre son caractère extrêmement vexant pour le public israélien, qui doit apprendre de l'extérieur ce que pense son chef de gouvernement, accentue la posture un peu jupitérienne, qui convient peut-être à un chef de l'exécutif sous d'autres latitudes, mais qui en Israël, donne plutôt l'impression d'un Premier ministre déconnecté. C'est d'autant plus surprenant que Benyamin Netanyahou a toujours été le contraire : un chef de gouvernement hyper médiatique, et qui communiquait par conférence de presse, parfois même sur des sujets qu'il aurait pu déléguer à des subalternes. Aujourd'hui sa communication est devenue calibrée pour entrer dans les réseaux sociaux, avec des messages vidéo courts enregistrés et sans journaliste. Quant aux entretiens qu'il accorde à des chaines américaines, le Premier ministre israélien sait qu'ils arriveront en fin de course au public local, mais en étant au préalable passés par des étapes pas moins importantes, comme les bureaux de la Maison Blanche ou les salles d'analyse des grandes banques ou des agences de notation financière. Ce qui peut parfois se révéler au moins aussi utile. Et cette interview de Netanyahou s'adressait d'abord à la Maison Blanche. Il s'agissait de rassurer le président américain après l'adoption lundi par la Knesset de cet amendement à la loi fondamentale sur la justice, qui va réduire les pouvoirs d'interprétation des juges sur les décisions du pouvoir exécutif. "Une correction minime" explique Benyamin Netanyahou. On décrit cette mesure comme la fin de la démocratie, c'est stupide" déclare le Premier ministre,  qui assure que ce qu'il veut avec la réforme judiciaire, c'est "ramener le balancier au milieu, et pas l'envoyer à l'autre extrémité ". On verra donc si son explication a convaincu Washington. Sur le climat politique, le chef du gouvernement assure que c'est l'opposition qui a refusé de prendre la main tendue. "J'espère que nous parviendrons à un accord, sinon avec l'opposition, du moins à un large consensus dans le peuple. Je suis plus optimiste maintenant car les élus de l'opposition ont vu que nous pouvions avancer sans eux parce que nous avons la majorité, alors peut-être que maintenant nous pourrons avancer avec eux ". Pas certain que cette lapalissade suffise à apaiser le climat politique toujours aussi tendu. Pourtant, la Knesset prend ses vacances dimanche et ne reprendra ses travaux que le 15 octobre, de quoi laisser du temps à la réflexion et si possible au dialogue. Pas sûr en revanche que le calme soit vraiment à portée de main, alors que la direction de la contestation contre la réforme judiciaire annonce une poursuite de la mobilisation durant l'été et promet de passer à des actions plus offensives. Il faudra suivre aussi l'effet de la contestation des réservistes, dont plusieurs centaines ont déjà avisé leur commandement qu'ils cessaient leur service volontaire. Et il reste aussi les avertissements cette semaine de plusieurs établissements financiers sur les perspectives économiques d'Israël et alors que l'agence Fitch doit publier sa note sur Israël la semaine prochaine. Autant d'éléments qui devraient continuer d'occuper l'actualité israélienne tout au long de l'été. Pascale Zonszain

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