Israël. Quand le gouvernement Rabin découvrait les Accords d'Oslo

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Israël. Quand le gouvernement Rabin découvrait les Accords d'Oslo
Yitzhak Rabin et Yasser Arafat - GPO

Il y a 30 ans jour pour jour, Itzhak Rabin réunissait les membres du gouvernement travailliste, pour discuter du projet d'accord qui allait être signé moins de deux semaines plus tard, à Washington, entre Israël et l'OLP. Ce qu'on connait depuis sous le nom d'Accords d'Oslo. Hier, les archives israéliennes ont rendu publiques les minutes de la réunion. Et ce procès-verbal pourrait, à quelques détails près, être celui d'une réunion tenue il y a à peine quelques jours. Durant plusieurs mois et dans le plus grand secret, Shimon Peres, alors ministre des Affaires étrangères, et quelques proches conseillers négocient avec l'Organisation de Libération de la Palestine. L'essentiel des discussions se tient dans la capitale norvégienne, loin des curieux. Et le texte qui en sortira portera pour cette raison le nom d'Accords d'Oslo. Ce 30 août 1993, le Premier ministre Itzhak Rabin, qui en a pris connaissance un peu plus tôt, présente le projet à son gouvernement. Et il sait que la pilule va avoir du mal à passer. "ça n'est pas un accord simple. Il y a des formules pas très sympathiques et le terme est faible", prévient Rabin d'entrée de jeu. Il trouve l'accord déséquilibré et pas assez contraignant pour les Palestiniens. Ce qui le taraude, c'est d'abord la question du terrorisme. Est-ce que l'OLP va tenir son engagement de renoncer au terrorisme et avec quelles garanties ? Itzhak Rabin et ses ministres s'inquiètent pour la sécurité des Israéliens de Judée Samarie et de Gaza. Comment assurer leur protection sur les routes ? Et le chef d'état-major de Tsahal, un certain Ehud Barak, avertit qu'il sera très difficile d'appliquer cet accord sur son volet sécuritaire.

L'accord allait mettre en place le système que l'on connait aujourd'hui, d'une autonomie politique palestinienne. Et le sort des implantations a aussi fait débat. Shimon Peres assurait qu'il n'y aurait pas de démantèlement, ni en Judée Samarie, ni à Gaza. On a vu ce qui s'est passé 12 ans plus tard avec le retrait israélien de la Bande de Gaza. Mais c'était une décision unilatérale.

Et les ministres se sont inquiétés de la façon dont l'accord avec les Palestiniens serait reçu par l'opinion publique. Cela a même donné lieu à un échange assez vif entre Itzhak Rabin et son ministre de la Santé, Haïm Ramon. " Il faut impérativement veiller à ce que la droite puisse manifester, qu'elle puisse utiliser tous les moyens légitimes", affirme Ramon, "et que ce droit soit garanti par le gouvernement". "Il ne faudrait quand même pas abuser" lui répond le Premier ministre. "Si justement, car il en va de la démocratie. Et dans une démocratie il faut permettre au citoyen de manifester par tous moyens légitimes" rétorque Ramon. "Mais quels moyens sont considérés comme légitimes ? Pas les harcèlements incessants" lui répond Rabin. Un dialogue qui fait froid dans le dos quand on se souvient qu'Itzhak Rabin sera assassiné deux ans plus tard par un extrémiste juif. Mais qui résonne aussi aujourd'hui avec les manifestations contre la réforme judiciaire qui se répètent depuis huit mois. Et ce n'est pas toute l'histoire. Certaines parties du PV, qui touchent à des questions de sécurité sont toujours censurées, et il faudra attendre encore 20 ans et peut-être 50, avant d'en connaitre l'intégralité.

Pascale Zonszain

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