Israël. Pourquoi la violence des migrants d'Erythrée a-t-elle éclaté à Tel Aviv ?

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Israël. Pourquoi la violence des migrants d'Erythrée a-t-elle éclaté à Tel Aviv ?
Des Eythréens affrontent la police israélienne à Tel Aviv - Capture d'écran vidéo

Les émeutes des migrants érythréens, samedi à Tel Aviv, ont fait 170 blessés, des forces de police dépassées et des scènes de dévastation. Aujourd'hui, les ressortissants érythréens en Israël sont autour de 18.000. Pour ces migrants,  Israël est le premier pays occidental qu'ils peuvent atteindre par la voie terrestre, même si le parcours est particulièrement dangereux. Durant plusieurs années, ils entraient par la frontière égyptienne. Il y a une dizaine d'années, la construction d'une barrière de sécurité destinée à empêcher les incursions terroristes avait rendu ce passage impossible. Ceux qui étaient déjà en Israël se sont pour la plupart établis dans le sud de Tel Aviv. En 2018, on comptait un peu plus de 30.000 migrants. Le gouvernement, déjà dirigé par Benyamin Netanyahou avait alors validé un accord avec le Haut-Commissariat de l'Onu pour les Réfugiés, qui prévoyait le départ de 16.000 migrants et la régularisation du statut de ceux qui resteraient en Israël. Depuis 5 ans, environ 10.000 migrants, Erythréens pour les 3/4 ont quitté Israël pour des pays occidentaux. En revanche, ceux qui sont restés n'ont pas reçu le statut de réfugié. A l'époque, la droite nationaliste mais aussi les résidents des quartiers sud de Tel Aviv avaient protesté contre ce dispositif, car la présence des migrants avait fait bondir la criminalité et l'insécurité dans leurs quartiers.

Ces migrants érythréens ont pour la plupart fui leur pays, un des plus pauvres du monde et sous le joug d'un régime totalitaire. Pourquoi la plupart seulement ? Parce que parmi ces réfugiés qui fuient pour leur liberté et pour leur vie, le régime fait aussi passer quelques agents chargés de surveiller, menacer et terroriser ceux qui sont partis. Et ce à quoi on a assisté samedi à Tel Aviv, ce sont des scènes de vandalisme, mais aussi une bataille rangée entre les deux camps : les partisans du régime vêtus d'un t-shirt rouge et les opposants en bleu,. Le prétexte : un événement culturel organisé dans une salle par l'ambassade d'Erythrée, qui sert à collecter des fonds. Plusieurs associations de réfugiés avaient averti la police israélienne du risque de violence et d'autres avaient obtenu parallèlement l'autorisation de manifester contre l'événement. Et ce qui devait arriver arriva. Comme d'ailleurs cela s'était déjà produit ces derniers mois dans d'autres pays occidentaux qui accueillent une diaspora érythréenne, comme en Allemagne, en Grande Bretagne ou aux Etats-Unis : des émeutes d'une violence que la police n'avait pas anticipée. Et on a vu des policiers pris au piège face à une foule déchainée, qui ont même dû ouvrir le feu à balles réelles pour se dégager. Sans compter les affrontements d'une extrême violence entre les deux camps. La police a reconnu qu'elle n'avait rien connu de tel depuis les émeutes arabes israéliennes d'octobre 2000 et les hôpitaux de Tel Aviv ont dû mettre en place le protocole de tri et de soins prévu pour les gros attentats terroristes. Au total le bilan était de 170 blessés, dont plusieurs dizaines grièvement atteints.

La réunion convoquée hier par Benyamin Netanyahou a d'ores et déjà autorisé le placement en détention administrative d'une cinquantaine d'émeutiers interpellés samedi. D'autres mesures sont à l'étude et notamment l'expulsion de ceux qui ont pris part aux émeutes, le retrait des permis de travail aux migrants en situation illégale, et un plan d'expulsion générale des migrants érythréens présents sur le territoire israélien, sachant que ceux qui ont fui le régime, ne seront pas renvoyés vers l'Erythrée.

Pascale Zonszain

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