Israël est prêt à envoyer de l'aide au Maroc après le terrible séisme de vendredi. Une pratique humanitaire et diplomatique qu'Israël maitrise depuis longtemps. Dès les années 80, l'aide humanitaire israélienne se manifeste dans le monde entier. En 1988, c'était lors du séisme qui avait frappé l'Arménie, à l'époque encore une république de l'URSS. Tsahal avait participé aux missions de secours et de soins aux blessés. Puis d'autres missions ont suivi, comme celle de 2010 lors du tremblement de terre à Haïti, où le Pikud Haoref, le commandement de la protection civile de Tsahal avait été le premier à installer un hôpital de campagne sur la zone sinistrée. Une opération qui avait contribué à faire connaitre l'expertise israélienne dans le monde. Et cette année encore, en février, c'était la mission envoyée en Turquie après le double séisme qui avait frappé le sud du pays. A chaque fois, ces opérations jouent évidemment leur rôle premier de secours. Sauver des vies quand c'est encore possible, opérer les blessés, c'est pour cela que les médecins et les sauveteurs israéliens participent à ces missions. Et puis, il y a les retombées diplomatiques. Humaniser les relations au niveau des populations, renforcer la confiance au niveau des dirigeants politiques. On l'a vu encore avec le séisme en Turquie, alors que Tayyip Erdogan avait déjà entamé un rapprochement avec Israël après une décennie de crise. Mais l'aide humanitaire dépêchée par Israël a été l'occasion pour le président turc de signaler que l'époque des tensions était terminée. Avec le Maroc, ce serait plutôt la confirmation d'une normalisation.
48 heures après le séisme, le gouvernement de Rabat a remercié Jérusalem pour ses offres d'assistance et indiqué qu'elles allaient être étudiées en regard des besoins spécifiques des différents services concernés. En clair, merci beaucoup mais pas tout de suite. Les autorités marocaines ont d'ailleurs adressé à peu près la même réponse à presque toutes les offres d'aide humanitaire qu'elles ont reçues depuis deux jours. En revanche, les médias marocains sont beaucoup plus expansifs sur le sujet et ils ont relayé tous les messages en provenance de Jérusalem, depuis le message de Benyamin Netanyahou, qui a adressé ses condoléances au roi Mohammed VI et lui a donc offert l'assistance d'Israël, à celui du président Herzog qui a transmis la 'solidarité et les prières du peuple israélien pour le peuple marocain', tout comme les appels des membres du gouvernement israélien à leurs homologues marocains, comme l'ont fait le ministre de la Défense Yoav Gallant et le ministre de la Santé Moshé Arbel, qui ont tous les deux rappelé que l'entraide et la solidarité en temps de crise faisaient partie intégrante de l'esprit des Accords d'Abraham. Aucun message n'a été oublié par la presse marocaine, et surtout pas celui du président de l'IAI, l'Aérospatiale israélienne, Amir Peretz, qui a offert l'aide de son groupe aux opérations de sauvetage. Et les sites d'infos marocains ont pris soin de souligner qu'Amir Peretz a des origines marocaines.
Mais la solidarité extérieure ne doit pas faire oublier les carences locales en matière de sécurité antisismique. Et le Contrôleur de l'Etat l'a encore rappelé hier : Israël n'est pas prêt à affronter un séisme de grande ampleur. La quasi-totalité des immeubles construits avant le début des années 90 et les normes parasismiques ne résisteraient pas à un séisme majeur. Soit environ 29.000 bâtiments qui risquent l'effondrement.
Pascale Zonszain
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