C'est cet après-midi que Benyamin Netanyahou va rencontrer Joe Biden à New York. Avec de gros dossiers à l'ordre du jour. Et en particulier celui de la normalisation avec l'Arabie Saoudite. Où en sont les tractations ? Si l'on en croit le site d'info saoudien Elaph, elles sont bloquées. Même si le média cite des sources israéliennes, l'info publiée ce weekend a depuis donné lieu à un démenti israélien. Donc, rien n'est clair. Alors, il faut s'appuyer sur les déclarations publiques et sur les révélations de quelques journalistes, dont les responsables politiques se servent pour faire passer des messages. Donc, sur le plan des déclarations, on a entendu hier le président Biden à la tribune de l'Assemblée Générale des Nations Unies, qui a réitéré son intention de faire aboutir la paix entre Israël et l'Arabie Saoudite. " Une normalisation élargie d'Israël et ses relations économiques avec ses voisins produit des retombées positives et concrètes, alors que nous œuvrons sans relâche en vue de parvenir à une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, deux Etats pour deux peuples " a affirmé le président des Etats-Unis.
On voit d'ailleurs que Riyad joue la carte palestinienne et que l'Autorité Palestinienne de son côté est disposée à entrer dans la partie, ce qu'elle n'avait pas fait en 2020, lors des négociations des trois premiers Accords d'Abraham. Lundi, le ministre saoudien des Affaires étrangères a convié l'Union Européenne et la Ligue Arabe à discuter d'un plan qui encouragerait Israéliens et Palestiniens à concrétiser un accord de paix. Et le ministre saoudien a insisté sur la nécessité d'un Etat palestinien indépendant.
Pour ce qui est des autres conditions fixées par Riyad, c'est plus compliqué, car on entre dans des considérations stratégiques plus larges. On sait que l'Arabie Saoudite réclame aux Etats-Unis la livraison de chasseurs F35, qu'Israël est aujourd'hui la seule puissance de la région à posséder. Et elle veut aussi développer un programme nucléaire civil, mais tient à ce que l'enrichissement d'uranium se fasse sur son sol. En Israël, on n'est évidemment pas dupe. Cela veut dire que la monarchie du Golfe pense à l'option nucléaire militaire, puisqu'elle a toujours dit que si l'Iran détenait la bombe, elle en ferait autant. On voit déjà les difficultés que rencontre Israël à contrer le programme nucléaire de l'Iran. Ce n'est pas pour laisser s'installer une prolifération nucléaire dans la région. Et ça grince dans les milieux de la défense israélienne, où on laisse entendre que Benyamin Netanyahou ne les a pas consultés avant son départ pour New York et qu'ils ignorent ce que le Premier ministre est disposé à accepter. Et puis il y a cette information, révélée hier par le journaliste Barak Ravid, généralement bien informé dans ce domaine et qui explique que Ron Dermer, le ministre et proche conseiller stratégique de Benyamin Netanyahou a eu récemment une série d'entretiens avec le chef d'état-major de Tsahal et le patron du Mossad, pour les convaincre d'accepter un pacte de défense avec les Etats-Unis, qui viendrait en plus de l'accord de normalisation avec Riyad. Jusqu'à présent, l'échelon sécuritaire israélien s'est toujours opposé à une telle alliance avec les Etats-Unis, qu'il considère dangereuse pour la liberté d'action de Tsahal. On comprend donc que les enjeux sont particulièrement complexes et sensibles et qu'il ne faut pas s'attendre à ce que la paix avec l'Arabie Saoudite se conclue dans les couloirs de l'Onu.
Pascale Zonszain
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