Biden, Netanyahou et le "big deal" saoudien

Israël.

Biden, Netanyahou et le "big deal" saoudien
Benyamin Netanyahou et Joe Biden le 20 septembre 2023 à l'AG de l'ONU - Avi Ohayon/GPO

Benyamin Netanyahou a rencontré Joe Biden hier après-midi à New York. On a entendu le président américain parler de la réforme judiciaire israélienne et de la nécessité de préserver l'équilibre des pouvoirs. Sur l'Iran, Joe Biden a répété que l'Amérique ne laisserait jamais Téhéran mettre la main sur l'arme nucléaire. Et puis, toujours devant les journalistes, le président américain et le Premier ministre israélien ont évoqué la normalisation avec l'Arabie Saoudite. Ce qu'ils n'auraient jamais fait sans l'assentiment des intéressés. D'où on peut déduire que le processus est bien engagé. Ce qui importe bien sûr, c'est ce que les deux dirigeants se sont dit ensuite, en tête à tête et avec leurs équipes. Car, en public, Netanyahou a pris soin de ne pas évoquer ni donner son avis sur les exigences de l'Arabie Saoudite. On pense notamment à son projet nucléaire civil mais avec un enrichissement d'uranium local. Et il est clair qu'en Israël, on n'est pas enchanté, puisque ça veut dire que les Saoudiens auraient alors la possibilité de développer un programme nucléaire militaire. Cela dit, il ne faut pas perdre de vue que la normalisation n'est pas la seule option de Riyad, qui peut tout à fait privilégier la Chine aux Etats-Unis. C'est pour cela qu'il faut entendre tous les mots prononcés par Benyamin Netanyahou : "Je pense que sous votre direction, nous pouvons forger une paix historique entre Israël et l'Arabie Saoudite, et je pense qu'une telle paix pourrait faire advenir la fin du conflit israélo-arabe, accomplir la réconciliation entre le monde islamique et l'Etat juif, et faire avancer une véritable paix entre Israël et les Palestiniens. C'est accessible " a déclaré le Premier ministre israélien au président Biden, sachant que cela a aussi une implication en politique intérieure américaine, alors que 2024 sera une année électorale aux Etats-Unis.

Netanyahou a donc parlé de paix avec les Palestiniens. Et il sait que ça ne va pas passer auprès de sa coalition. On a eu un avant-goût la semaine dernière avec la polémique sur les véhicules blindés que devait recevoir l'Autorité Palestinienne pour équiper sa police. Itamar Ben Gvir et Betsalel Smutrich ont littéralement mis en demeure Benyamin Netanyahou de démentir qu'il puisse y avoir des livraisons d'armes à l'Autorité Palestinienne. Et les ministres nationalistes en ont profité pour rappeler qu'ils s'opposeraient catégoriquement à toute concession aux Palestiniens. Alors imaginez ce qui se passera si le gouvernement israélien doit envisager un retrait même partiel en Judée Samarie, le gel de la construction dans les implantations ou l'arrêt de la légalisation de points de peuplement sauvages. Et on n'en est même pas encore aux conditions saoudiennes d'un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem-est pour capitale. A nouveau, parce que la normalisation n'est pas la seule option pour l'Arabie Saoudite, elle peut faire monter les enchères.

Le Premier ministre israélien a donc le choix entre sa base électorale et l'histoire. Entre un accord de coalition et un engagement à réformer les institutions, et un saut dans l'inconnu mais qui constituerait un bouleversement régional gigantesque. Mais si Benyamin Netanyahou s'engage véritablement sur la voie de la normalisation avec l'Arabie Saoudite, il perdra sa coalition. S'il renonce à la réforme judiciaire, il perdra sa coalition. Il peut même perdre le pouvoir et il a toujours en arrière-plan son procès qui continue. C'est véritablement une croisée des chemins historique pour Benyamin Netanyahou. On comprend qu'il ait besoin de temps pour y réfléchir.

Pascale Zonszain

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