Qu'attendre du discours de Netanyahou à l'Onu ?

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Qu'attendre du discours de Netanyahou à l'Onu ?
Benyamin Netanyahou à l'ONU - Capture d'écran YouTube/GPO

C'est probablement un des exercices préférés de Benyamin Netanyahou. Il l'a déjà pratiqué plus d'une dizaine de fois, sans compter l'époque où il était jeune ambassadeur d'Israël aux Nations Unies. On connait la maitrise du Premier ministre israélien qui ne dédaigne pas de recourir à quelques effets médiatiques, quand il estime que ça peut servir son argumentation. Son dessin d'une bombe de cartoon pour visualiser la progression de l'Iran vers la capacité nucléaire reste l'un de ses effets les plus célèbres, mais Benyamin Netanyahou a aussi eu recours à des étagères de classeurs de documents classifiés iraniens ou d'un reste de drone ennemi abattu au-dessus d'Israël, voire aux plans nazis de la Conférence de Wannsee. Mais le contenu du discours n'est pas moins important. Et sur une quinzaine de minutes de temps de parole, le chef du gouvernement israélien devra s'adresser au public israélien, à la classe politique de la majorité et de l'opposition. Il devra aussi se faire entendre à l'international, par l'administration américaine, mais également par l'Iran, par les Palestiniens, et cette année aussi par les dirigeants saoudiens. Le dossier de la normalisation avec l'Arabie Saoudite est désormais public en tout cas sur son principe, à défaut de son contenu. Ce sera donc pour Benyamin Netanyahou la première occasion de réponse publique au prince héritier saoudien qui s'était déclaré optimiste sur les chances de normalisation, dans une interview mercredi sur Fox News. Le Premier ministre israélien devra se montrer convaincant dans sa volonté d'aboutir à un accord avec la monarchie du Golfe, sans pour autant dévoiler ses cartes, ni compromettre la suite des pourparlers sur des sujets sensibles. Et ils ne manquent pas. Qu'il s'agisse des conditions posées par Riyad sur une reprise du processus israélo-palestinien, assorti de concessions territoriales en vue de la création d'un Etat palestinien indépendant. Ou bien de ce fameux programme nucléaire civil dont veut se doter l'Arabie Saoudite et qui ressemble furieusement à un parcours vers la capacité nucléaire militaire. A ce stade préliminaire des discussions, Benyamin Netanyahou peut encore se permettre de rester évasif et d'esquiver le conflit que cela poser avec la doctrine constante d'Israël : pas de puissance nucléaire au Proche-Orient. Enfin pas d'autre puissance nucléaire au Proche-Orient à part Israël. Car ce serait le début de la prolifération nucléaire régionale et une menace majeure pour Israël qui perdrait sa supériorité stratégique.

Tout ce que le Premier ministre ne pourra évidemment pas dire à la tribune de l'Onu, même si en revanche il pourra continuer à dénoncer la menace iranienne qui persiste dans sa détermination à détruire Israël. Mais cela devrait aussi souligner la situation paradoxale dans laquelle le place le projet saoudien. Car il n'y a pas deux sortes de programmes nucléaires militaires. Les responsables de la défense israélienne n'ont pas oublié qu'il y a bientôt un demi-siècle, Israël avait aidé l'Iran à lancer son programme nucléaire. Jusqu'au renversement du régime du Shah par les ayatollahs..

Benyamin Netanyahou devra encore trouver le moyen de parler du règlement du conflit avec les Palestiniens en donnant aux Américains ce qu'ils veulent entendre, sans se mettre à dos les alliés nationalistes de sa coalition. Ce qui pourrait se révéler au moins aussi difficile que de parler du nucléaire sans braquer les Saoudiens. Donc, peut-être quelques effets médiatiques dans ce discours de Netanyahou à l'Onu, mais la vraie diplomatie restera en coulisses.

Pascale Zonszain

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