Le massacre du couple de policiers devant leur petit garçon avait traumatisé la France en 2016 et le procès ,sept ans après est toujours d’une brûlante et urgente nécessité. Sept ans après l'assassinat d'un couple de fonctionnaires de police à son domicile, et la mort du terroriste lors de l'assaut, Mohamed Lamine Aberouz, 30 ans ,comparaît notamment pour "complicité". Il encourt la perpétuité. Sur les bancs du public, c'est toute une institution qui est venue soutenir la famille des victimes.
Ils sont venus en nombre pour entourer les proches de Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant au commissariat des Mureaux (Yvelines), et de sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agente administrative dans un commissariat voisin, assassinés à leur domicile, le 13 juin 2016, en pleine vague d'attentats terroristes en France. Pire encore, leur fils de 3 ans a assisté au massacre.
Mohamed Lamine Aberouz est poursuivi pour "complicité d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique", "association de malfaiteurs terroriste criminelle" et "complicité de séquestration en relation avec une entreprise terroriste". Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Durant l’enquête le profil d’un complice s’est révélé avec une trace ADN
Le terroriste Larossi Abballa a été tué lors de l'assaut donné par le Raid ce soir-là. Mais au fil d'une longue instruction, le profil d'un possible complice s'est détaché. Mohamed Lamine Aberouz porte une longue barbe sans moustache et une marque au front, caractéristiques d'une pratique rigoriste de la prière dans la religion musulmane.
Ce Franco-Marocain originaire des Mureaux (Yvelines), quatrième d'une fratrie de cinq enfants, a un certain passif : il a été condamné en appel, en juin 2021, à cinq ans de prison pour non-dénonciation de crime terroriste dans le dossier de l'attentat raté aux bonbonnes de gaz de Notre-Dame.
Ce célibataire sans enfants, qui vivait chez sa mère, connaissait bien l'islamiste radical Larossi Abballa. Mais surtout la justice l’a conduit au procès par la génétique, comme le rappelle le président lors du résumé des faits. La trace ADN inconnue surnommée "M2", retrouvée sur le repose-poignet droit de l'ordinateur du couple de policiers, s'est avérée être la sienne.
Le président a résumé les débats autour de cette trace ADN décisive. Pour la défense, il peut s'agir d'une "contamination entre écouvillons" ou d'un "transfert", Mohamed Lamine Aberouz étant souvent monté dans la voiture de Larossi Abballa. "La contamination n'est pas possible" et la "concentration" d'ADN trop élevée pour un transfert, estiment de leur côté les experts, attendus à la barre vendredi.
Un alibi qui ne tient pas la route et son rôle de « mentor » auprès de Larossi Abballa
Le président, Christophe Petiteau, rappelle en outre que l'alibi de l’accusé qui assure qu'il était à la mosquée entre 18h et 22h, le 16 juin 2016, n'a pas été confirmé par "l'imam et les fidèles". Si "aucun témoignage" ne va dans le sens d'"un repérage des victimes" par Mohamed Amine Aberouz, le président rappelle son "rôle de mentor présumé" auprès de Larossi Abballa.
"En premier lieu, je voulais adresser toute ma compassion pour les familles de victimes »,a lancé Mohamed Amine Aberouz en regardant les bancs des parties civiles en face de lui. L’ accusé a tenu a justifié son silence , "lors du dernier interrogatoire" par le juge d'instruction, par son "agacement" lié à ses conditions de détention à l'"isolement". "Je réitère mes condamnations les plus fermes à l'encontre de Larossi [Aballa] concernant cet acte monstrueux qu'il a commis. Je réitère mon innocence." Mohamed Amine Laberouz, accusé devant la cour d'assises spéciale de Paris. Laberouz a conclu son propos en affirmant espérer que "les débats permettront d'éclaircir certains éléments tronqués et de mettre l'accent sur des responsabilités plus que négligées" pendant l'enquête. Les débats doivent se poursuivre jusqu'au 10 octobre.
Michel Zerbib
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