Le medium « BD » est de plus en plus en plus utilisé pour transmettre les témoignages extraordinaires des survivants du génocide nazi, une manière de s’adresser aussi aux plus jeunes générations au moment les victimes s’éteignet petit à petit.
Le témoignage de Ginette Kolinka, 98 ans et rescapée du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, où elle fut internée l’ex-ministre française et ancienne présidente du Parlement européen Simone Veil et la réalisatrice Marceline Loridan-Ivens, paraît ce mardi en bande dessinée
Adieu Birkenau est publié par les éditions Albin Michel, avec JDMorvan et Victor Matet pour le scénario, et trois Espagnols pour le dessin, Ricard Efa, Cesc F. Dalmases et Roger Surroca Sole.
Après avoir fui Paris en 1942, elle est arrêtée à Avignon (sud) en mars 1944, à l’âge de 19 ans, transférée vers Marseille, puis le camp de Drancy, en région parisienne, et enfin déportée vers Birkenau en avril. Elle passera par Bergen-Belsen puis Theresienstadt, avant de rentrer à Paris en juin 1945. Elle a alors perdu 40 kg, pour n’en peser que 26.
« Ne plus réfléchir, c’est peut-être ce qui m’a sauvé la vie », dit-elle dans l’album
Après le récit, deux historiens spécialistes de la Shoah, Tal Brutmann et Caroline François, éclairent le contexte historique du parcours de Ginette Kolinka, avec des documents, photos et dessins d’époque. L’album est né de sa rencontre avec Victor Matet, journaliste qui faisait des recherches sur sa propre famille et qui a longuement relayé le témoignage de cette survivante.
Dans des propos rapportés par les éditions Albin Michel, Ginette Kolinka affirme avoir eu des réticences face au projet, parce qu’elle associait la bande dessinée à l’humour. Le récit de la visite du camp nous fait comprendre l’extraordinaire force de caractère de cette femme si attachante. Après la guerre, elle a mis du temps à vouloir (pouvoir?) témoigner. Elle a décidé de transmettre son histoire aux jeunes générations que depuis une vingtaine d’années, et ne refuse aucune sollicitation depuis pour parler aux collégiens ou lycéens. « Quand je suis avec eux, j’ai leur âge. Moi, je ne me sens pas vieille », affirme-t-elle.
Michel Zerbib
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