Vers une sortie de crise de la tech israélienne ?

Israël.

Vers une sortie de crise de la tech israélienne ?
Israel Tech Challenge en 2015 à Tel Aviv - DR

La Startup Nation faisait grise mine. Après des années de record, depuis dix-huit mois, les investissements étaient en baisse constante. Mais on pourrait bien commencer à apercevoir le bout du tunnel. Plusieurs rapports publiés ces jours-ci sur les performances des entreprises israéliennes de haute technologie constatent quelques signes encourageants. Rien de spectaculaire pourtant, puisque les investissements au 3e trimestre 2023 restent faibles. Environ 1,7 milliards de dollars pour les mois d'avril à juin, soit 40% de moins que pour la même période en 2022. Mais – et c'est là que l'on peut commencer à espérer – c'est presque une stabilisation par rapport au 2e trimestre qui avait enregistré 1,9 milliards de dollars d'investissements et 1,7 au 1er trimestre. Ce qui veut dire qu'on a peut-être atteint le fond et que la remontée va pouvoir s'amorcer. Cela dit, tous les secteurs ne sont pas à égalité. C'est toujours le cyber qui se taille la part du lion et qui rafle près d'un quart de la mise. Contraste encore plus fort pour les "exit", puisque les rachats de startups cyber représentent 1,3 milliard de dollars sur un total de 1,6 au 3e trimestre. Les experts du secteur parlent d'ailleurs d'un marché d'acheteurs et pas d'un marché de vendeurs.  Ce qui veut dire que des entreprises se vendent, faute de pouvoir obtenir des financements suffisants et donc à une valeur inférieure à leur valeur réelle. Et le nombre fonds de capital-risque opérant en Israël a réduit d'un tiers entre 2022 et 2023 et même de 40% si l'on ne prend que les fonds étrangers.

Une crise qui explique d'abord par la situation mondiale. C'est le secteur de la haute technologie dans son ensemble qui a affronté une crise depuis deux ans. Même si la reprise a déjà commencé à se faire sentir sur d'autres marchés, sans atteindre encore Israël. Car il y a aussi des facteurs locaux à prendre en considération. D'abord, Israël était devenue une sorte de bulle, avec des investissements et des valorisations records, pas toujours en phase avec la réalité. D'une certaine manière, on peut dire que le secteur s'autocorrige, pour revenir à des valeurs plus raisonnables. Israël n'a produit depuis le début de l'année qu'une seule licorne – ces entreprises valorisées à au moins un milliard de dollars - sur les 59 recensées dans le monde depuis janvier. Et puis il y a aussi l'influence de la crise politique liée à la réforme judiciaire, qui agite le pays depuis le début de l'année. On sait que le monde de la tech israélienne est très engagé dans la contestation. Et de surcroit, l'incertitude politique engendre aussi une incertitude économique qui refroidit les investisseurs étrangers. De nombreuses startups israéliennes avaient d'ailleurs envisagé et parfois concrétisé leur enregistrement dans d'autres pays pour contourner le risque.

La reprise du secteur high-tech israélien se rapproche donc, mais elle ne devrait pas avoir lieu cette année. Peut-être au plus tôt au 1er ou 2e trimestre 2024 si la tendance se confirme. Car il faut encore que la remontée se généralise et qu'elle concerne en particulier ce qu'on appelle le "seed money", le capital d'amorçage, qui constitue les premières phases de financement des startups. Alors seulement la tech israélienne pourra commencer à respirer. Affaire à suivre…

Pascale Zonszain

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