Va t-on vers une nouvelle affaire Sarah Halimi ? Le tueur islamiste du docteur Alban Gervaise pourrait être déclaré irresponsable

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Va t-on vers une nouvelle affaire Sarah Halimi ? Le tueur islamiste du docteur Alban Gervaise pourrait être déclaré irresponsable
Alban Gervaise - DR

«S'il est déclaré irresponsable, il peut être dehors dans un ou deux ans» s’est inquiétée au Figaro l'épouse d'Alban Gervaise, tué devant une école catholique à Marseille. Une deuxième expertise psychiatrique confirme «l'abolition totale du discernement» du suspect, Mohamed L. Ce dernier pourrait ne jamais être jugé.

Mis en examen pour le meurtre d'Alban Gervaise, Mohamed L., 24 ans, sera t-il jugé par une cour d’assises ?

Une expertise psychiatrique de mai 2023 conclut à une «abolition totale» de son discernement, confirmant une première expertise de janvier ayant mis en exergue une «bouffée délirante aiguë» le jour de l'attaque.

Le suspect est aujourd'hui hospitalisé en psychiatrie au sein d'une unité pour malades difficiles (UMD), sous le régime de la détention. Une troisième expertise psychiatrique du suspect doit avoir lieu. À l'issue de l'enquête, la juge d’instruction décidera si le suspect est accessible ou non à une sanction pénale.

«S’il est déclaré irresponsable, il peut être dehors dans un ou deux ans et je n’aurai aucune information sur le devenir de celui qui a tué mon mari. C’est extrêmement anxiogène», a expliqué au figaro Christelle Gervaise, l'épouse du médecin militaire. 

Un terrible assassinat devant son enfant et une école catholique de Marseille

Alban Gervaise, 40 ans, a été tué le mardi 10 mai 2022 à proximité du groupe scolaire catholique Sévigné, à Marseille. Le père de famille venait chercher ses deux jeunes fils à l'école. Au volant de sa voiture, avec sa fille de 20 mois installée dans un siège auto à l'arrière, ce médecin militaire avait été attaqué par Mohamed L.,  monté à bord du véhicule.

Le terroriste l'avait poignardé une dizaine de fois à la gorge, au thorax et à l'abdomen, et l'avait poursuivi alors qu'il tentait de fuir à pied. Un acharnement et une violence tels qu’une lame de couteau cassée avait été retrouvée sur place. Alban Gervaise avait succombé à ses blessures après dix-sept jours de réanimation.

L'assaillant l'avait poignardé une dizaine de fois à la gorge, au thorax et à l'abdomen, et l'avait poursuivi alors qu'il tentait de fuir à pied. Un acharnement et une violence tels qu’une lame de couteau cassée avait été retrouvée sur place. Alban Gervaise avait succombé à ses blessures après dix-sept jours de réanimation.

Le tueur maitrisé par deux passants, il avait voulu tuer avant dans une autre école

L’agresseur avait été maîtrisé par deux passants, qui l’avaient immobilisé jusqu'à l'arrivée de la police. «Laissez-moi le finir, au nom de Dieu. Je vais le finir. C'est le diable. Je lui ai mis trente coups de couteau», avait déclaré Mohamed L. à l'arrivée des policiers.

Environ une heure avant d'agresser Alban Gervaise au volant de sa voiture, Mohamed L. s’était rendu devant une autre école, Saint Jérôme Les Lilas, dans le 13e arrondissement de Marseille. Sur le parking de l'établissement, il s'était introduit de façon soudaine dans la voiture d'une enseignante qui était parvenue à prendre la fuite. Mohamed L. avait également été aperçu devant l’école Sévigné le vendredi précédent.

Abolition du discernement au moment du passage à l’acte ?

L’état du suspect au moment du passage à l’acte interroge comme toujours dans ce genre d’affaires «Pourquoi est-il allé deux fois devant une école ? J'attends toujours qu’un témoin me prouve qu'il était délirant le soir de l'agression. Pour le moment, ce n’est pas le cas. Je veux savoir dans quel état il était le 10 mai», a expliqué Christelle Gervaise.

Au fil de sa garde à vue, la version de Mohamed L. va changer. Le jour des faits, il explique avoir passé «un pacte avec le diable» et «entendu des voix» lui imposant de «tuer quelqu’un avant le coucher du soleil». Le lendemain, il tient un discours incohérent en prétendant avoir été «suivi par des animaux et des hommes», tout en précisant qu’il «est innocent et ne veut pas aller en prison».

Fou ou rusé ? Terroriste ? Islamiste ? Y aura-t-il un procès ?

Une expertise psychologique de mars 2023 disait ne pas pouvoir totalement exclure que le suspect cherche à se soustraire à une condamnation et simule des troubles psychopathologiques. De plus, selon la deuxième expertise psychiatrique, Mohamed L. parle spontanément de l'enjeu de l'irresponsabilité pénale au cours de son entretien.

Dès le soir de l'agression, après la perquisition du domicile du mis en cause, l'hypothèse terroriste avait été écartée par les enquêteurs. Mais là aussi, certains éléments jettent le trouble. Interrogé sur la définition d’un «radicalisé», qu’il se défend d’être, le suspect explique qu'il s'agit d'un terroriste qui tue au nom de Dieu.

Or, Mohamed L. a précisément  utilisé l’expression «au nom de Dieu» lors de son passage à l’acte. «L’aspect de la radicalisation a été complètement minimisé», selon l’épouse du médecin  Christelle Gervaise qui se dit donc très inquiète depuis ce crime terrible qui a bouleversé sa vie.

Une affaire douloureuse qui n’est pas sans rappeler celle du docteur Sarah Halimi dont le meurtrier antisémite n’a jamais été jugé, puisque considéré comme irresponsable aux moments des faits.

Michel Zerbib

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