Former des imams républicains , ce n’est pas la première fois que l’ambition existe. L'attente est double : celle "de la communauté musulmane" française qui souhaite "des imams et des cadres religieux formés"; mais aussi l'attente "nationale", avec la fin programmée des imams détachés, venus de l'étranger.
« Elaborer un discours religieux en phase avec les réalités de notre société » : à Strasbourg, un cursus ambitionne de former des imams à un islam modéré, alors que se profile l’an prochain la fin des imams « détachés ».
Depuis début octobre, une cinquantaine de personnes, principalement des jeunes étudiants ou salariés originaire de la métropole strasbourgeoise, se retrouvent chaque samedi dans le bâtiment qui abritait dans le centre de Strasbourg une ancienne salle de prière pour y suivre les enseignements – des sciences religieuses à l’arabe, beaucoup n’étant pas arabophones – du tout nouveau Institut Islamica.
« Principalement » des jeunes « qui ont la volonté de maîtriser leur religion et de (la) pratiquer de manière éclairée », explique à l’AFP entre deux cours Kalilou Sylla l’un des enseignants. Porté par la GMS et l’Union des Mosquées de France (UMF), Islamica est un institut privé et ne délivre pas encore de diplôme. Mais dès l’an prochain, un cursus de formation d’imams sur trois ans va démarrer, dans un contexte de besoin croissant d’imams en France.
Dans le cadre de la loi sur le séparatisme, 2024 sonnera en effet la fin des imams « détachés » en France, alors que le pays ne compte actuellement que « sept ou huit » instituts de formation
Islamica « est né d’un besoin réel », estime le président de la Grande Mosquée de Strasbourg. L’attente est double : celle « de la communauté musulmane » française qui souhaite « des imams et des cadres religieux formés »; mais aussi l’attente « nationale », avec la fin programmée des imams détachés, venus de l’étranger. Islamica a pour vocation d’accompagner « cet effort » de formation.
L’institut strasbourgeois s’inscrit dans la tradition sunnite malikite, dite « de l’islam du juste milieu », majoritaire en France, précise-t-il.
« Née en Andalousie », elle a « déjà un ancrage européen » et « c’est la seule aujourd’hui qui prend les us et coutumes » des sociétés « en considération », relève Saïd Aalla.
La première promotion d’Islamica regroupe « des personnes qui n’ont pas forcément toutes vocation (…) à devenir cadres religieux ou religieuses », analyse Kalilou Sylla.
« Ancrage » républicain
Un étudiant ne se voit « pas forcément imam » mais dit vouloir diffuser une « bonne façon de montrer l’islam » face aux « préjugés ». L’étudiant en troisième année de pharmacie loue la qualité de l’enseignement à Islamica, loin des réseaux sociaux où prospèrent des prédicateurs autoproclamés qui « n’ont pas forcément étudié, voire pratiquement jamais » les textes islamiques.
« C’est une nécessité » afin de « contrebalancer » les propos de certains « qui prennent la parole sur le plan religieux sans être spécialisés dans ce domaine-là », tranche l’imam.
Il est nécessaire d’avoir des « imams bien formés religieusement mais qui ont aussi un ancrage dans les valeurs de la République », résume Saïd Aalla.
Michel Zerbib
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