La marche contre l’antisémitisme, chronique d'Arié Bensemhoun

France.

La marche contre l’antisémitisme, chronique d'Arié Bensemhoun
Le directeur du think tank Elnet France, Arié Bensemhoun - DR

Bonjour Arié Bensemhoun. Dimanche dernier, une importante marche contre l’antisémitisme a eu lieu, et vous souhaitiez revenir dessus.

Bonjour. L'objectif de cette manifestation, orchestrée par la Présidente de l'Assemblée nationale et le Président du Sénat, était de réunir les Français dans une marche unitaire pour la République et contre l’antisémitisme. Plus de 200.000 personnes à Paris et près de 100.000 en Région ont répondu présent. Une telle mobilisation n'avait pas été observée en France depuis 1990, à la suite de la profanation du cimetière de Carpentras, mobilisation à laquelle le Président de la République de l’époque, François Mitterrand, s’était associé.

Cet événement, bien que marqué par de nombreuses polémiques, envoie un message fort pour rappeler que la haine des Juifs est toujours le symptôme d'une société malade, un poison qui annonce les grands malheurs à venir. D’ailleurs, comme l'a si bien exprimé Danny Trom, depuis le 7 octobre, des expressions de passion exterminatrice résonnent, un mouvement génocidaire mondial s'exprime, marqué par des appels au meurtre des Juifs, de Gaza aux campus américains, en passant par les rues de Londres et de Paris.

Cette marche fut un sursaut de la société face à cette explosion de haine. Cependant, on ne peut pas en rester là, et il est désormais urgent que ce sentiment se traduise par des actes forts.

Si beaucoup de monde était présent pour cette marche, il y avait des absents notables. 

L'absence regrettable d'Emmanuel Macron à la marche contre l'antisémitisme a privé l'événement d'un message crucial pour l'unité nationale. En choisissant de ne pas y aller, il a pris le parti de laisser s’exprimer deux Frances : celle, majoritaire, qui considère que la lutte contre l’antisémitisme est vitale, et l’autre, très minoritaire, qui se cherche des excuses en disant qu’elle ne veut pas marcher avec l’extrême droite ou qui tentent de trouver un lien entre la haine des Juifs de France et la politique de Benjamin Netanyahu. Ne pas venir, c’était légitimer ceux qui veulent instrumentaliser, en France, la guerre déclarée par les terroristes du Hamas et les pourvoyeurs de haine qui sont à l’origine de la flambée de violence que justement cette marche avait pour but de dénoncer et de condamner.

Pour ce qui est des partis politiques, tous étaient présents ce dimanche, à l’exception de la France Insoumise qui a préféré souiller la mémoire du peuple juif en tentant de déposer une gerbe au mémorial du Vel’ d’Hiv’. 

Enfin, le refus des autorités musulmanes de participer à cette marche est particulièrement troublant. Cette décision suscite le malaise, entretient une insupportable ambiguïté surtout quand ils cèdent à rhétorique complotiste qui voudrait faire croire que les victimes seraient en fait les instigateurs de leur propre malheur. C’est abject !

Arié, pourquoi est-il aujourd’hui préférable de parler de « haine des Juifs », et non « d’antisémitisme » ? 

Parce que, comme le disait Camus, les mots ont un sens, et mal nommer les choses, c'est (toujours) ajouter au malheur du monde. Le terme "antisémitisme", associé à la Seconde Guerre mondiale et à la Shoah, permet de désigner l'extrême droite dans l’inconscient collectif et en même temps, de ne pas avoir à nommer l’ennemi et ceux qui sont les vrais coupables de cette flambée de violence : les islamistes, issus de la communauté arabo-musulmane, les supporters de la « sacro-sainte cause palestinienne » qui appellent à la destruction d’Israël, l'extrême gauche, et notamment la France Insoumise, où se recrutent les collaborateurs des nouveaux nazis que sont les islamistes et une partie de la gauche qui s’est compromise avec les réseaux fréristes.

Pour autant, accorder un blanc-seing au Rassemblement National serait une faute grave, tant ce parti reste imprégné des théories de l’antisémitisme contemporain que trahissent son programme politique, nombre de ces cadres et adhérents, ses fréquentations, ses liaisons dangereuses et son compagnonnage avec les formations fascistes et même néo nazis en France et en Europe. Certains diront que le RN, n’est pas le FN, qu’il prend ses distances… le fait est qu’il n’a toujours pas rompu ni avec son passé, ni avec ses démons même s’il ne manifeste pas, et c’est heureux, d’appétence particulière pour la haine d’Israël, l’antisionisme qui est le visage le plus horrible de la haine des Juifs. 

L’avenir nous dira si ce n’est pas qu’une stratégie pour se normaliser…

Arié Bensemhoun

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