Sur Instagram, Warda A. a ironisé sur un bébé israélien qui aurait été mis dans un four par le Hamas. Lors de son procès pour «apologie du terrorisme», le ministère public a requis 10 mois de prison avec sursis à son encontre. Pas cher payé compte tenu de l’attitude de l’accusée goguenarde, haineuse et cachant mal son hostilité à l’endroit des « sionistes ».
Audience suivie par Michel Zerbib
«Ce que j’ai dit a été sorti de son contexte.» Celle qui s’exprime sans tabou sur ses réseaux sociaux – suivis par quelque 9800 abonnés – s’est confrontée à la vie réelle de la justice. Deux vidéos, publiées début novembre sur ses comptes Instagram et Snapchat, ont conduit Warda A., 37 ans, à la barre du tribunal correctionnel de Paris pour des faits «d’apologie d'un acte de terrorisme au moyen d'un service de communication en ligne» lui faisant encourir jusqu’à sept ans de prison.
Derrière son écran de téléphone, cette mère célibataire de deux enfants avait ironisé violemment aux propos d’un secouriste israélien qui affirmait qu'un bébé avait été mis dans un four par le Hamas après l’offensive du groupe terroriste, le 7 octobre dernier
Warda A. s’était adressée à ses abonnés d’Instagram d’une manière on ne peut plus cynique, alors que flambent en France les signalements de propos et actes visant la communauté juive : «À chaque fois que je tombe sur l'histoire du bébé qui a été mis dans le four, je me pose la question de s'ils ont mis du sel, du poivre, s'ils ont mis du thym. Ils l'ont fait revenir à quoi. Et ça a été quoi l'accompagnement?» Hors caméra, son fils de 12 ans ricane : «Ce gigot de bébé a mariné dans une sauce ketchup et barbecue. Il a été servi avec des frites.
Quelques jours plus tard, sur Snapchat cette fois-ci, Warda A. se filme allongée dans un lit, lumière tamisée. Un filtre affine les traits de son visage et gonfle légèrement ses lèvres. La trentenaire s’agace
«Le Hamas, c'est pas un mouvement terroriste. C'est un mouvement politique avec une branche armée qui défend les pauvres Palestiniens. Il faut bien les défendre ces gens, on peut pas les laisser se faire exterminer. J'en ai marre de cette hypocrisie.»
Une altercation éclate entre Meyer Habib, député de la 8e circonscription des Français à l'étranger qui s’est constitué partie civile, et une proche de la prévenue. «Il m’a dit ’pourriture’», s’emporte cette petite femme face au député, fervent soutien du gouvernement de Benyamin Netanyahou. «Je vais porter plainte contre lui», prévient-elle en tressautant jusqu’à l’intervention des forces de l’ordre. Dans la cacophonie ambiante, la présidente tente de rasséréner les débats : «Les invectives sont hors de propos.»
Warda A. s’est expliqué sur les extraits visionnés. Elle assure avoir voulu dénoncer une «propagande» et une «manipulation des médias» sur l’histoire de ce bébé israélien qui aurait été mis à mort dans un four. «Pour moi ça n'existe pas, ça n'est pas possible qu'on puisse faire une atrocité pareille. J'ai l'impression qu'on veut me faire passer pour une islamiste, une raciste, une antisémite, mais je ne suis pas antisémite»,a assuré la prévenue qui semblait bien loin de mesurer la portée de ses mots. Dans un discours entremêlé de bêtises mièvres, elle a exposé son combat «contre l'oppresseur. Quand je vois un être humain souffrir, ça me transperce le cœur». Alors, si elle se retrouve devant un juge, ça ne peut être que parce que ses propos ont été «sortis de leur contexte».
S’agissant du Hamas, elle a maintenu qu'il s'agissait d'un «groupe politique avec une branche armée» mais concède que l'offensive menée le 7 octobre sur le sol israélien est «un acte terroriste». Cette mère de famille a campé sur ses positions et n’a exprimé que peu de remords. «Oui, j'ai été maladroite. Je n'avais l'intention de faire de mal à personne. » Pas convaincant.
Me Olivier Pardo, avocat de la partie civile ne se laisse pas émouvoir «Les pires apologistes du terrorisme viennent toujours à la barre en se présentant comme des gentils. Quand j'écoute Madame A., j'ai l'impression d'entendre un discours de Miss France qui déteste l'injustice. Mais quand on écoute ses vidéos, c'est exactement l'inverse qu'on entend», plaide-t-il
Car, sur ses réseaux sociaux, Warda A. a bien participé à une «dédiabolisation des actions du Hamas» en le «blanchissant de sa barbarie », a analysé de son côté le procureur de la République. « Elle tourne en ridicule les informations qui parviennent d'Israël » sur l'assassinat prétendu de ce bébé. «Elle efface ainsi la réprobation morale qui s'attache à cet acte qu'il soit avéré ou non»,a souligné le ministère public qui a requi une peine «dissuasive de dix mois d’emprisonnement avec sursis».
La défense abjecte de l’accusée qui nie la mort du bébé israélien dans ses conditions
Or, le fait que ce crime n’ait pu être vérifié est crucial pour Me Elisa Lashab, l’une des deux avocates de Warda A. Peut-on faire l’apologie d’un acte qui n’est pas avéré ? «On vous demande de caractériser un acte démenti, à tout le moins qui n’est pas vérifié, de terrorisme. Ma cliente a ironisé sur un acte qu'elle sait faux» et qui ne peut donc, juridiquement, constituer une apologie du terrorisme, a-t-elle répondu, tandis que son confrère, Me Ilyacine Maallaoui, a réclamé la relaxe de la prévenue. Le tribunal rendra sa décision le 6 décembre.
Michel Zerbib
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