Le patron du PVV peut prétendre au poste de premier ministre dans un pays dirigé depuis 13 ans par le libéral Mark Rutte.
Coup de tonnerre aux Pays-Bas. Au terme d'une campagne aussi courte que spectaculaire, l'extrême droite a gagné mercredi 22 novembre les élections générales. Selon les premières estimations données en début de soirée par Ipsos, le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders, 60 ans, arrive largement en tête avec 35 des 150 sièges de la chambre basse du Parlement néerlandais, loin devant l'alliance des travaillistes et écologistes de gauche (PvdA-GL), créditée de 26 sièges et conduite par l'ex-commissaire européen Frans Timmermans. Le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), longtemps dirigé par Mark Rutte avant que celui-ci ne passe le témoin à Dilan Yesilgöz, est en net recul avec seulement 23 sièges soit 11 de moins qu'actuellement. Quant au Nouveau contrat social (NSC), un parti créé il y a tout juste trois mois par l'ex-député CDA Pieter Omtzigt, il prend 20 sièges. Donnée en tête des sondages depuis des semaines, cette nouvelle formation était en perte de vitesse dans les sondages ces derniers jours.
Geert Wilders, un vieux routard de la politique néerlandaise, condamné pour insultes à l'égard des Marocains, sous protection policière depuis 2004 en raison de menaces de mort prend une belle revanche
L'intéressé, populiste, anti-immigration et anti-islam, eurosceptique, avait fait passer au second plan les positions radicales, notamment l'interdiction des mosquées et du Coran. Son programme était en revanche en tout point fidèle à ses positions. «Les demandeurs d'asile se régalent de délicieux buffets gratuits à bord des bateaux de croisière tandis que les familles néerlandaises doivent réduire leurs courses», peut-on y lire.
La présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen, a félicité jeudi Geert Wilders
«Félicitations à @geertwilderspvv et au PVV pour leur performance spectaculaire aux législatives qui confirme l'attachement croissant à la défense des identités nationales. C'est parce qu'il est des peuples qui refusent de voir s'éteindre le flambeau national que l'espoir du changement reste vif en Europe», a-t-elle écrit sur X (ex Twitter).
<blockquote class="twitter-tweet"><p lang="fr" dir="ltr">Félicitations à <a href="https://twitter.com/geertwilderspvv?ref_src=twsrc%5Etfw">@geertwilderspvv</a> et au PVV pour leur performance spectaculaire aux législatives qui confirme l’attachement croissant à la défense des identités nationales. C’est parce qu’il est des peuples qui refusent de voir s’éteindre le flambeau national que l’espoir du…</p>— Marine Le Pen (@MLP_officiel) <a href="https://twitter.com/MLP_officiel/status/1727432652578292224?ref_src=twsrc%5Etfw">November 22, 2023</a></blockquote> <script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>
Cette victoire écrasante n'est cependant pas suffisante pour le leader d'extrême droite. Car, s’il veut gouverner et devenir premier ministre, il lui faut maintenant convaincre des partenaires de le rejoindre. La formation de la coalition pourrait prendre des mois, le temps que les partis partenaires se mettent d'accord sur un programme commun. Mercredi soir, la cheffe de file du VVD et actuelle ministre de la Justice, Dilan Yesilgöz, a tardé à réagir. «Nous sommes disponibles pour gouverner», a-t-elle finalement annoncé en fin de soirée.
Ces élections sont un véritable échec pour Mark Rutte qui dirige le pays depuis 13 ans et avait été contraint de convoquer des élections anticipées en juillet dernier, sur fond de tensions au sein de sa coalition sur la question migratoire
Selon Ipsos, les partis qui gouvernent les Pays-Bas depuis 2017, - le VVD, le D66, le CDA et ChristenUnie - n'obtiendraient pas plus de 41 sièges, soit une perte de quelque 37 sièges au total. Dans ce contexte, Mark Rutte, qui a fait récemment connaître son intérêt pour le poste de secrétaire général de l'Otan et que l'on dit bien placé, aura peut-être plus de difficultés à convaincre les alliés de le nommer.
À moins de sept mois des élections européennes, l'arrivée aux portes du pouvoir de Geert Wilders inquiète Bruxelles et les capitales de l'UE. Le responsable politique, qui avait critiqué la venue du président Zelensky au printemps dernier à La Haye, est opposé à la livraison d'armes à l'Ukraine qu'il refuse de voir rejoindre l'Otan. Considéré comme le «Donald Trump des Pays-Bas», il est désormais sur le point de diriger le pays.
Michel Zerbib
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