Le «passage à l'acte» des instigateurs de ce projet d’attentat déjoué, qui visait la campagne présidentielle de 2017 à Marseille, était «imminent» selon le ministère public, qui estime que les deux hommes étaient prêts à commettre «un carnage». Un attentat de masse à Marseille.
Trente ans de réclusion criminelle assortie d'une période de sûreté des deux tiers ont été requis ce mercredi contre Clément Baur et Mahiedine Merabet, jugés devant les assises spéciales pour un projet d'attentat à Marseille pendant la campagne présidentielle de 2017
«Il s'en est fallu de peu pour que la cité phocéenne connaisse une tuerie de masse», ont affirmé les avocates générales dans leurs réquisitions à deux voix. Elles ont demandé à la cour «une peine à la hauteur de la dangerosité» des deux accusés, «solidaires et qui se soutiennent l'un l'autre».
Le «passage à l'acte» de Clément Baur et Mahiedine Merabet était «imminent», ont assuré les représentantes du parquet. Les «recherches de cibles potentielles» effectuées dans les jours précédant leur interpellation, à Marseille le 18 avril 2017, cinq jours avant le premier tour de la présidentielle, constituent la preuve, selon elles, que les deux hommes étaient prêts à commettre «un carnage».
Parmi les recherches effectuées sur internet par les deux hommes, qui se sont connus en prison, il y avait notamment: «sauna gay», «club libertin», «bar FN», «meeting Le Pen Marseille», «bar américain», «restaurant casher»... «Autant de cibles qui répondaient aux objectifs de l'État islamique», a souligné l'une des avocates générales
Concernant les dix autres accusés, dont un en fuite jugé par défaut, le parquet a requis deux acquittements et réclamé des peines allant de cinq ans, assortis de deux à trois ans de sursis, à 15 ans de réclusion criminelle. Au cours de leurs interrogatoires, Clément Baur, 30 ans, et Mahiedine Merabet, 36 ans, ont nié préparer un attentat.
«On était dans un jeu», s’est défendu Mahiedine Merabet tandis que son compère Clément Baur a expliqué que commettre un attentat «n'était pas un truc» pour lui
Mais la police a découvert un impressionnant arsenal dans leur planque, dont un fusil-mitrailleur Uzi, plusieurs pistolets, des centaines de munitions, des boulons, un couteau de chasse mais aussi plus de 3,5 kg de TATP, un explosif artisanal prisé des djihadistes, fabriqué par Mahiedine Merabet.
«C'est la plus grande quantité de TATP retrouvée dans le cadre d'un dossier terroriste», a fait remarquer une avocate générale. Explosif très instable, le TATP a notamment servi à confectionner les ceintures explosives des auteurs des attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis. Les deux hommes avaient également acquis une caméra GoPro. De quoi, selon l'accusation, commettre un carnage et le filmer. Après les plaidoiries de la défense prévues jeudi et vendredi, le procès doit s'achever samedi.
Michel Zerbib
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