Un sondage IFOP révèle qu’une très large majorité de musulmans considère la laïcité comme discriminatoire pour les Français de confession musulmane. À l'occasion de la journée nationale de la laïcité le 9 décembre 2023, l’IFOP publie un sondage commandé par la chaîne laïque franco-arabe Elmaniya.tv, permettant de mieux cerner la place que les Français musulmans accordent aujourd'hui à la religion, le sens qu'ils donnent à la laïcité mais aussi leur point de vue sur l’actualité récente (interdiction des abayas à l’école, attentat d’Arras par un islamiste...) ayant mis au premier plan la question de l’islam dans la société. L’étude atteste qu’une écrasante majorité des Français de confession musulmane considère la laïcité, telle qu’elle est appliquée par les pouvoirs publics, comme discriminatoire.
«La laïcité telle qu'elle est appliquée aujourd'hui par les pouvoirs publics est-elle discriminatoire envers les musulmans ?», 78% des musulmans interrogés répondent oui : 34 % d’entre eux jugent la laïcité «assez discriminatoire», et 44% d’entre eux, «très discriminatoire»
Une large majorité des musulmans souhaiterait un assouplissement de plusieurs règles : ainsi 75 % d’entre eux aimeraient instaurer des jours fériés pour des fêtes religieuses non-chrétiennes (comme l’Aïd-el-Kebir), 75 % également sont favorables à l’autorisation du port du voile ou de la kippa pour les athlètes pendant les JO, et 75 % encore souhaiteraient un financement public du culte et du clergé en France.
Les musulmans sont nombreux à souhaiter également une plus grande liberté par rapport aux obligations scolaires. 54% d’entre eux souhaitent que les jeunes filles aient le droit de ne pas assister aux cours de natation pour des raisons religieuses, et 50% souhaitent que les élèves puissent même refuser d’assister à tous les cours qui «heurteraient leurs convictions religieuses».
La religion est supérieure à la science pour une majorité de musulmans et plus de 16% ne condamne pas le terroriste d’Arras
«Lorsque la religion et la science s'opposent sur la question de la création du monde, d'après vous, est-ce le plus souvent la science ou la religion qui a raison ?». 76% des musulmans optent pour la religion, contre seulement 22% des croyants des autres religions.
Plus inquiétant encore, des Français de confession musulmane n’expriment pas de condamnation totale à l’endroit du terroriste d’Arras, auteur du meurtre à l’arme blanche de Dominique Bernard. 5% ne le condamnent pas du tout, et 11% condamnent tout en partageant «certaines des motivations» du terroriste islamiste. À quoi s’ajoutent 6% de musulmans qui se disent «indifférents». Cette proportion est plus significative encore chez les musulmans de plus de 15 ans, actuellement en scolarité : 31% d’entre eux ne condamnent pas totalement le tueur d’Arras, et 7 % sont indifférents.
« Halalisation » des comportements en hausse .FlorenceBergeaud-Blackler
Des résultats qui ont fait réagir la chercheuse du CNRS Florence Bergeaud-Blackler, auteur d’un livre consacré à l’influence de l’islam frériste en France. «La ’halalisation’ des comportements est nettement visible (le fait de se demander dans chaque geste de sa vie quotidienne si son comportement est ou non conforme à la loi religieuse) dans ce sondage», a-t-elle réagi dans Le Figaro . Ajoutant : «L'hégémonie du frérisme dans le champ religieux se voit à présent dans les sondages auprès des musulmans de France. Un demi-siècle de pression islamiste a porté ses fruits». La chercheuse française est menacée de mort depuis la parution de son livre sur le mouvement intégriste.
Michel Zerbib
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