Mercredi 10 janvier 2024 marque les 80 ans de la rafle des Juifs de Bordeaux. La communauté juive a ainsi rendu hommage, ce mercredi à 18h, dans la synagogue de la ville, à ceux raflés au même endroit, et les noms des 365 personnes arrêtées les 10 et 11 janvier 1944 puis emmenées à Drancy ont été lus.
La Rafle avant Drancy et la destination finale Auschwitz
Après plus de 500 arrestations dans toute la région Aquitaine le 10 janvier 1944 au soir et le lendemain matin, plus de 360 Juifs ont été enfermés dans la synagogue de Bordeaux puis envoyés au camp de Drancy avant d’être emmenés à Auschwitz.
Il faudra attendre 1999 pour arriver au tristement fameux procès Papon
Organisée par la préfecture de Gironde, son préfet Maurice Sabatier et son secrétaire général Maurice Papon, avec les forces de l’occupation nazie, la rafle a surtout touché des familles françaises, implantées depuis longtemps dans le territoire, alors que les Juifs étrangers avaient été déportés dès 1942. La synagogue de la ville avait ainsi été transformée en prison pendant quelques jours, tandis que d’autres Juifs raflés ont été détenus à la prison de Libourne. D’autres personnes arrêtées ont été conduites directement à la gare, pour prendre le train pour Drancy.
Boris Cyrulnik était l’un de ces 50 enfants enfermés dans la Synagogue
Parmi la cinquantaine d’enfants présents enfermés dans la synagogue, se trouvait Boris Cyrulnik, alors âgé de six ans, qui deviendra auteur, neuropsychiatre et psychanalyste . Il a survécu à la rafle en se cachant dans l’édifice.
La synagogue avait été pillée par les nazis l’année précédent cette rafle. Ils avaient notamment volé des rouleaux de la Torah, abîmé le grand chandelier et détruit l’orgue – qui vient d’être rénové à l’identique et réinstallé en décembre 2023
Après cette rafle, des politiques et des résistants avaient à nouveau enfermés dans la synagogue en juillet 1944, avant d’être emmenés dans les camps. Sur les 1 665 Juifs déportés dans l’un des dix convois Bordeaux-Drancy pendant l’occupation, très peu ont survécu. « Outre l’importance de transmettre la mémoire, il y a un rappel nécessaire au vu de la situation actuelle très particulière : il y a à la fois l’exportation d’un conflit qui entraîne des amalgames et un fond antisémite dont la recrudescence des actes connotés ne peuvent qu’attester de sa présence », a déclaré le président de la communauté juive de Bordeaux Eric Aouizerate au Times of Israel
Michel Zerbib
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